Suite de nos découvertes électro de l’été qui vont vous faire danser. Après Kadebostany et Joris Delacroix, voici Peggy Gou, une DJ sud-coréenne à qui rien ne semble résister, des festivals les plus exigeants aux soirées mode les plus branchées, 2019 est (encore une fois) son année.
L’art du layering
On pourrait croire que la Corée se limite, en matière d’innovations féminines, à la beauté. Que la routine du « layering » (la superposition de plusieurs soins) devenue hyper populaire en France, serait la seule pépite importée de ce pays éloigné. C’était compter sans Peggy Gou, 29 ans, cette ovni dans un monde de l’électro exclusivement masculin et globalement à l’Ouest (européens, américains).
En parlant d’Est et d’Ouest, c’est justement à Berlin que Peggy Gou a choisi de poser ses valises lorsqu’elle n’est pas en tournée. Peut-être parce que la capitale mondiale de l’électro l’a adoubée aux platines du mythique club Berghain. Ou parce qu’elle a fait 5 fois la une du renommé quotidien allemand « Die Zeit » en tant qu’emblème d’une nouvelle génération musicale plus diversifiée, aux influences mélangées. La palette de Peggy Gou s’étend en effet des beats les plus sombres de la dark techno aux lumineux accents de la disco (« Daddy Cool » de Boney M à qui elle offre un beau lifting) jusqu’à des influences 90s très dance comme Gypsy Woman de Crystal Waters, sa référence absolue. Ce « layering » muscial entre des genres à priori très étrangers a fait sa signature et son succès dans les plus grands festivals, en France à We Love Green et à Nuits Sonores notamment.
BBC, FIFA, lève ta chaussure et suis-moi
Le phénomène Peggy Gou a débuté en 2018 avec un premier titre « It Makes You Forget (Itgehane) » sur l’exigeant label londonien Ninja Tune. Le beat entraînant aux accents disco mêlé à la voix de l’artiste chantant en coréen accomplit l’exploit en grand écart de se retrouver à la fois sur la playlist de la BBC et sur celle du jeu vidéo FIFA, devenant ainsi l’un des incontournables de l’année.
Peggy Gou enchaîne ensuite les titres avec parcimonie, tout en parcourant les festivals référents dans le monde entier où elle partage notamment ses platines avec Laurent Garnier. Elle est saluée en arc-en-ciel de son spectre musical, par Sir Elton John qui joue ses morceaux, tout comme par Agoria* (voir notre interview ici), notre pape national de l’électro, qui dit d’elle que « son style est aussi raffiné que sa musique » et l’a bien sûr ajoutée à sa propre playlist de l’été (Drift Ibiza by Agoria à écouter ici).
Car Peggy Gou a développé une identité bien à elle, aussi bien durant ses sets qu’off-duty. Look de tomboy branché et coloré, beaucoup d’imprimés, et un potentiel énergétique contagieux sur scène comme sur son compte Instagram qui frôle les 900 000 followers, elle a réussi à se démarquer grâce à un mélange d’humour et d’intégrité: son animal préféré, la girafe, est devenu un gimmick pour ses fans, qui n’hésitent plus également à lever leurs chaussures à chacune de ses apparitions. Un running gag qui l’a faite se surnommer elle-même « Peggy Shoe ».
Humour et engagements
Dans un milieu électro plutôt rêveur/boudeur et peu parleur, Peggy Gou détonne, elle qui se confie avec le sourire sur l’intolérance des asiatiques à l’alcool, sur son nouveau régime à l’eau de coco ou sur le mal du pays et la solitude qui peuvent parfois lui peser malgré tous les côtés grisants du métier. Elle défend également avec conviction ses engagements musicaux et perso en créant son propre label, Gudu records, et en choisissant comme visuel de la prestigieuse compilation DJ Kicks dont elle est l’invitée cette année un lit au pied duquel elle est assise avec / puis sans un tigre ajouté par Photoshop, pour sensibiliser à la disparition imminente de l’animal. Sur cette compilation figurent des pépites inédites qu’on vous invite fortement à écouter pour pimenter votre été, Hiver-Pert et Hungboo.
Something à la mode ?
Avant de se lancer dans la musique, Peggy Gou étudiait la mode à Londres. Pas étonnant donc qu’elle se retrouve à créer sa propre marque baptisé Kirin (girafe en coréen, of course) avec le soutien de Virgil Abloh, le créateur d’Off-White (rien de moins), qu’elle s’affiche en Louis Vuitton et collabore avec Ray-Ban pour créer deux modèles exclusifs pour la saison.
Une omniprésence qui pourrait en irriter certains (concurrents jaloux ?), mais après tout pourquoi lui en vouloir de capitaliser sur un momentum qui n’a plus l’air d’être si éphémère ? Comme Peggy l’affirmait au GQ anglais : « Certains peuvent me juger, mais je m’en fous maintenant. Le physique est un bonus, mais ce n’est pas uniquement ça qui fait la célébrité (…). La vie est trop courte. Je veux être belle. S’il y a une vidéo, oui, je vais mettre du rouge à lèvres. Et alors ? Si j’arrive à jouer un bon morceau derrière, je peux faire ce que je veux. » Une phrase qu’on a bien envie de remixer à notre sauce…
*nouvel album d’Agoria, Drift, disponible à l’écoute
Pour en savoir plus sur Peggy Gou :
Instagram : @peggygou_
Facebook : https://www.facebook.com/peggygoupeggygou/
EP Moment disponible // Compilation DJ-Kicks (K7 records) disponible