Carole Benaroya et Stéphanie Eriksson ont en commun une amitié qui dure depuis l’adolescence et un amour inconditionnel de la mode et des tendances. Depuis 2012, date de la création de leur marque Kujten, elles ont aussi réussi à redonner au cachemire une place prépondérante dans nos dressings, en cassant les codes qui lui étaient trop souvent assignés et en proposant une nouvelle façon plus créative, décomplexée et glamour, de vivre cette matière noble et incroyablement sensorielle.
Photo de couverture – Gilet Kimchi Kujten
Carole et Stéphanie, comment vous êtes-vous connues ?
Carole Benaroya – Nous sommes amies d’enfance et nous ne nous sommes jamais perdues de vue ! On a toujours eu ce même intérêt pour la mode et même si, à un moment donné, on a pris des chemins professionnels différents, on avait quand même ça dans notre ADN commun.
Stéphanie Eriksson – En effet, on s’est connues à l’adolescence. Et puis, Carole est partie travailler dans la Finance à Londres et moi, je suis arrivée au bureau de style de Joseph (la marque de mode britannique réputée pour son travail de la maille) où je suis restée 15 ans et où j’ai pu acquérir une vraie expertise en maille et cachemire.
L’idée Kujten est née comment ?
Carole Benaroya – Elle est née à un moment où j’avais envie de plus de passion et de créativité dans ma vie professionnelle. J’étais toujours aussi dingue de mode, j’étais très au fait des tendances en tant que cliente, mais j’ai eu envie de me lancer de nouveaux défis dans ce domaine-là ! Et pour ça, j’ai tout de suite pensé à Stéphanie, dont je connaissais et aimais le sens du détail et de l’esthétisme.
Stéphanie Eriksson – On aimait toutes les deux beaucoup le cachemire et on est parties du constat qu’il n’existait finalement pas beaucoup d’alternatives dans ce domaine. On avait envie de formes, de couleurs un peu nouvelles, et on voyait bien qu’entre les marques bien connues, chères et classiques, qui ne proposaient finalement pas grand-chose en termes de nouveautés, et les marques moins luxe, il y avait clairement une place à prendre pour casser les codes de cette matière première incroyable !
En 2012 on a donc créé Kujten, avec pour ambition de proposer un vestiaire cachemire contemporain, coloré, audacieux, mais aussi avec des engagements très importants en termes de fabrication.
Stéphanie, co-fondatrice de Kutjen
Cardigan NOAH Kujten (785€)
Que veut dire Kujten ?
Stéphanie Eriksson – Il s’agit du nom du plus grand sommet de Mongolie, pays berceau du cachemire que nous avons découvert ensemble et dont nous sommes aussitôt tombées amoureuses.
Pouvez-vous nous expliquer la philosophie de la marque ?
Carole – Kujten, c’est d’abord bousculer les codes du cachemire, être un peu la marque « disruptive » du secteur, et c’est aussi un désir d’innover dans les formes, les teintes, les détails, la façon de porter le cachemire, sans négliger la qualité, en proposant des tarifs qui permettent au plus grand nombre de partager avec nous cette incroyable sensation de porter une maille exceptionnelle.
Vous êtes très engagées dans la fabrication vertueuse de vos vêtements en cachemire, pouvez-vous nous parler de la manière dont ils sont produits ?
Carole – Les chèvres Capra Hisca vivent sur les hauts plateaux de Mongolie et affrontent des hivers et des températures très rudes. Elles ont donc été dotées d’une capacité de s’envelopper d’une toison très épaisse, douce et soyeuse pour faire face à ces conditions compliquées. Et sous cette toison, elles ont un fin duvet aéré qui forme une vraie couverture de survie préservant leur chaleur. Quand le printemps revient, ces chèvres que l’on ne trouve que dans très peu d’endroits, muent et ne gardent donc plus que ces fibres longs et fins : l’or doux de Mongolie que l’on appelle aussi cachemire.
Pour avoir la chance de connaître et d’appréhender tout ça, il faut avoir tissé des liens étroits avec les hommes, les femmes et les enfants qui s’occupent d’elles et vivent de cette matière incroyable, rencontrer ces familles souvent nomades et installer une confiance mutuelle.
Carole Benaroya, co-fondatrice de Kutjen
Ce que je veux dire par là, c’est que l’aventure Kujten, c’est vraiment aller au plus près de ce qui se fait de mieux dans notre domaine, en préservant la richesse d’un savoir-faire et d’une culture ancestrale et passionnante. C’est aussi s’engager pour qu’il n’y ait qu’un seul endroit de fabrication sur place, que tout soit intégré pour éviter les trajets inutiles…, ce qui est le cas de toutes les pièces de notre ligne « Organic », dont les couleurs sont celles qu’ont les poils de chèvres naturellement.
Pull Broken Kujten
Etre femmes et entrepreneuses dans la mode, ça se passe comment ?
Carole Benaroya – Sincèrement, il y a beaucoup, beaucoup de femmes dans la mode et à tous les niveaux… de la créa à la fabrication en passant par l’aspect financier…
C’est un univers où l’on est très nombreuses et pour nous, c’est même peut-être un avantage d’arriver avec nos sensibilités féminines quand il s’agit de collaborer par exemple avec les nomades en Mongolie, dont l’organisation globale repose beaucoup sur l’épouse et la mère.
Carole Benaroya, co-fondatrice de Kutjen
Comment nourrissez-vous votre créativité ?
Stéphanie Eriksson – Avec des voyages bien sûr. Chaque saison, on essaie de faire voyager nos clientes avec des thèmes inspirés de nos découvertes. Il y a eu une collection Mexique, Los Angeles, Scandinave (je suis d’origine suédoise). Cette année, je me suis aussi inspirée de pièces iconiques du Japon, que j’adore et que je commence à bien connaître. Mais un livre, une expo ou une rencontre peuvent tout autant m’inspirer. Dernièrement, on a collaboré avec l’artiste tatoueur californien Dr Woo pour une capsule inédite, unisexe et très L.A !
Petit Bandana Hilo Kujten
Des femmes inspirantes ?
Stéphanie Eriksson – J’aime le style de Jane Birkin ! Le jean destroy porté avec un sac Hermès, c’est la silhouette décalée qu’on adore !
Les premières pièces Kujten qui ont vu le jour ?
Carole Benaroya – C’était nos pulls basiques en 25 couleurs ! Ce qui n’avait jamais été proposé. Ensuite sont sorties nos pièces oversize comme le pull « Mini » qui a été un vrai succès !
Les pièces iconiques de Kujten ?
Carole Benaroya – Sans doute le cardigan « Jonathan » qui est un pull torsadé homme, mais qui est plébiscité par les femmes aussi. Et puis bien sûr le bandana !
Le bandana, c’est la pièce que l’on pourrait qualifier comme iconique de Kujten. La rançon du succès fait que nous sommes beaucoup copiées, mais c’est justement bien de rappeler que nous sommes à l’origine du retour en grâce de ce motif et l’idée de Stéphanie de l’appliquer à du cachemire est un vrai pari réussi !
Carole Benaroya, co-fondatrice de Kutjen
Justement ! Quelques tips pour porter ce superbe bandana en cachemire ?
Stéphanie Eriksson – La façon la plus classique est de le porter pointe en bas sur le cou, mais j’avoue préférer le porter de l’autre côté, et placer le nœud en avant. Mais on peut aussi l’accrocher à un jean, sur un sac…
Vos secrets pour vous ressourcer, lâcher-prise ?
Carole Benaroya – Ca va paraître un peu dingue, mais pour me vider la tête, je joue aux cartes ! Je suis une fan de rami et c’est vraiment mon seul moyen de déconnecter !
Stéphanie – Moi j’ai découvert le surf et j’avoue que c’est devenu une vraie passion ! Cette connexion avec l’eau, les éléments et l’impression de changer de dimension… C’est l’évasion totale !
Les prochains défis Kujten ?
Carole et Stéphanie – Faire connaître Kujten à l’international et notamment aux Etats-Unis. On aimerait vraiment que ça marche là-bas et on va donc tout faire pour ça. On sait qu’on a déjà pas mal de clientes américaines qui achètent par le biais du site ! C’est donc un très beau challenge !
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