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Suzanne Jouannet, révélation du film « Les Choses Humaines »

Actuellement à l’affiche du dernier film d’Yvan Attal, Les Choses Humaines, Suzanne Jouannet est la jeune actrice à garder dans nos radars ! Fraîchement sortie des cours Florent, elle signe son premier rôle dans un film au casting de rêve : Charlotte Gainsbourg, Mathieu Kassovitz, Ben Attal et Pierre Arditi. Elle nous confie les coulisses d’un tournage avec les plus grands.

Yvan Attal t’a offert ton premier rôle au cinéma alors que tu sors tout droit des planches de théâtre. Comment t’es-tu retrouvée dans ce casting ?

J’ai fais la classe libre du cours Florent, et en avant-dernière année, une agent m’a repérée lors d’un spectacle. Elle m’a proposé des essais. Je pensais que c’était pour me représenter en tant qu’agent, et en réalité, c’était pour le film d’Yvan. J’ai passé ma dernière année de théâtre à tourner en parallèle des cours et je viens de finir en juin ma dernière année de théâtre. Je me voyais davantage sur les planches que dans le cinéma, et finalement j’ai eu la chance de commencer par ce projet énorme. Je n’avais jamais tourné devant une caméra, je m’étais d’ailleurs dit, après quelques tests en cours, « Jamais je ne ferai du cinéma » ! (rires) Je ne sais pas bien pourquoi, et puis j’ai réalisé avec Yvan Attal qu’on pouvait faire beaucoup de choses avec un plan serré.

Suzanne Jouannet – Crédit Photo // Solenne Jakovsky pour Le Prescripteur

Comment as-tu accueilli la nouvelle quand on t’a appris que tu avais passé un test pour le prochain film d’Yvan Attal ?

C’était au déconfinement. L’agent m’a appelée pour me dire que les tests étaient pour le film d’Yvan et qu’il voulait me rencontrer. J’ai crié ! Même si l’agent me disait que je n’avais pas encore le rôle et qu’il restait encore trois essais, j’étais déjà super contente d’avoir réussi la première étape ! J’ai passé les autres étapes du casting et Yvan m’a appelée un jour pour me dire « Tu vas devoir voir une nutritionniste car Mila doit prendre du poids pour le film ». J’étais folle de joie.

Pourquoi as-tu dû prendre du poids ?

Mila a subi un traumatisme et cela devait se voir physiquement à la caméra. J’ai donc commencé par prendre 10 kg en 1 mois, avec l’aide d’une nutrionniste, pour tourner la première scène à savoir celle du procès (qui est en réalité la scène finale du film). C’était hyper encadré. Puis j’ai dû remincir pour tourner le reste du film.

Cela m’a beaucoup aidée pour rentrer dans mon rôle de devoir changer mon corps, j’ai ressenti cette oppression de porter le poids de la douleur de Mila.

Suzanne Jouannet

Comment s’est passé le tournage avec Yvan ?

Au début, j’étais très impressionnée car je l’admire énormément et puis quand j’ai passé toutes les étapes de casting avec lui, je me suis dit que s’il m’avait choisie, c’était pour une bonne raison ! Je n’ai pas de comparatif mais je pense que j’ai eu de la chance d’arriver dans un climat de bienveillance. Commencer par le procès a été aussi très bénéfique pour moi car tout le monde passait à la barre, et je les ai tous regardés travailler. Pour chacun, j’avais des choses à apprendre d’eux. Puis ça a été mon tour… C’est un hasard qu’on ait commencé par cette scène d’ailleurs, car c’était les vacances juridiques, les salles d’audience étaient peu mobilisées. La salle d’à côté était occupée, on entendait le procès qui s’y déroulait pendant qu’on tournait : il y a un côté documentaire et réaliste de la partie procès. Et on savait qu’Yvan voulait que ce soit le plus vrai possible.

Les Choses Humaines est une adaptation du livre éponyme de Karine Tuil sorti en 2019. L’avais-tu lu avant qu’on te propose le projet ?

Je ne l’avais pas lu. Dès que j’ai su que le projet d’Yvan était une adaptation de ce livre, je l’ai lu d’une traite en une journée. Au début, cela m’a chamboulée. J’ai dû rejeter le livre quelques heures, j’ai écrit des petites notes. Je n’acceptais pas le fait qu’Alexandre, le personnage de Ben, soit libéré. Et puis j’ai trouvé le livre très intelligent. Je me suis dit que j’avais envie de faire partie de cette aventure. Dans le livre, Mila est beaucoup moins présente et j’ai été heureuse de voir que dans le film, Yvan lui a donné une place de choix car son film est divisé en trois parties : Ben, Mila, puis le procès.

Le film se clôt sur le procès où ta performance est impressionnnante. Comment es-tu sortie de ton rôle ?

Je t’avoue que dès le lendemain, j’ai voulu rentrer en cours et en fait ça a été trop compliqué. Tout le monde m’avait dit que je devais faire une pause. Le rôle était fort et en plus c’était mon premier, j’étais très impliquée. Et finalement j’ai pris deux semaines de pause. Il fallait que je tourne une page. On m’a conseillé de me couper les cheveux, de créer un changement…

Je suis quelqu’un de sensible, je pense que ça se voit dans le film, et ingérer ce rôle, ça a été lourd, mais ça m’a fait grandir.

Suzanne Jouannet
Suzanne Jouannet – Crédit Photo // Solenne Jakovsky pour Le Prescripteur


A titre personnel, quel est ton rapport à ces questions de consentement et plus généralement, de féminisme et de lutte contre la culture du viol ?

C’est super dur de répondre à cette question. Effectivement, j’ai un bagage de pensées sur ce sujet… Je suis une femme, citoyenne, je suis révoltée par la culture du viol et c’est bien que ce film pose toutes ces questions. Auparavant, j’étais dans une compagnie théâtrale écoféministe, pour te dire la place qu’a le féminisme dans ma vie… Je chemine sur toutes ces questions, ça me prend aux tripes et pour l’instant je ne sais pas encore mettre des mots clairs sur ce que je ressens. Un podcast m’a énormément aidée, c’est les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon. Je le conseille à tout le monde, homme, femmes, non binaires.

Comment as-tu vécu le tournage avec des icônes comme Charlotte Gainsbourg et Mathieu Kassovitz ?

C’était impressionnant d’avoir Mathieu comme père !

J’avais clairement un souci de légitimité par rapport à Yvan, et par rapport aux autres acteurs, mais j’ai vécu cela comme un cadeau.

Suzanne Jouannet

Cela m’a aidée d’avoir des bons acteurs autour de moi. Et puis je savais que je ne devais pas me concentrer sur le prestige du casting.

Quels sont les meilleurs conseils que tu aies retenus de chacun d’eux ?

Avec Benjamin Lavernhe, l’avocat d’Alexandre dans le film, j’étais face à un professionel qui me surprenait et qui me donnait du jeu, c’était extraordinaire.

C’est fou de voir que c’est dans l’ADN de Mathieu de jouer. Plutôt que de se préparer longtemps, il devenait une vrai machine de talent au mot ACTION. Il m’a impressionnée là- dessus.

Charlotte est d’un professionnalisme incroyable et elle était toujours juste, elle ne se laissait jamais disperser. Quand Yvan lui donnait une indication, ça glissait, elle s’adaptait.

J’ai été bluffée de voir Judith Chelma travailler son texte et le réécrire plein de fois. Elle travaille avec acharnement comme moi, et elle vibre pour le sujet. Elle défendait la partie civile, c’était essentiel de faire passer le message qu’elle défendait.

Ben a été mon pilier, car on était les deux petits qui allaient fumer des clopes dans les loges ! (rires) On avait des rôles qui ne s’aimaient pas trop… Et c’était bien de se retrouver en dehors. On se comprenait sur beaucoup de choses et on s’est beaucoup soutenus.

J’ai adoré qu’Yvan me fasse faire des italiennes, c’est quand tu repètes ton texte avant pour savoir si tu es dans la bonne ambiance. Il me donnait la réplique, c’était impressionant.

Pierre Arditi m’a époustouflée quand il est allé à la barre. Quelle théâtralité dans son jeu !

La création de ton compte instagram officiel remonte à septembre dernier. Tu n’étais pas sur les réseaux sociaux?

Non ! Je n’aime pas vraiment les réseaux sociaux, et puis on m’a conseillé de me créer un compte pour donner de la visibilité à mon travail et mes actus. C’est professionnel. Je n’étais pas d’accord au départ, j’avais simplement un compte perso privé qui me servait à parler à certains potes. Et puis maintenant quand je rencontre des gens en festival, c’est très pratique de s’échanger nos comptes instagram pour communiquer !

Les Choses Humaines, actuellement au cinéma.

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