T

Ta promesse : le thriller féministe de Camille Laurens

Ta promesse le thriller féministe de Camille Laurens violences psychologiques violences conjugales emprise masculinité toxique Claire Lancel éditions Gallimard le prescripteur

Dénoncer les violences psychologiques, la masculinité toxique, l’emprise : c’est ce que je retiens de « Ta promesse », le dernier roman de Camille Laurens sorti ce mois-ci aux éditions Gallimard. Cinq ans après son dernier roman « Fille », l’autrice revient avec un texte une nouvelle fois engagé et féministe qui tient franchement en haleine. Car oui, Camille Laurens nous propose un roman façon thriller où l’âme humaine, ou plutôt l’âme d’un homme, est disséquée… en vain. Mécanique d’emprise, perversion, narcissisme poussé à l’extrême, désir de domination : et si Gilles supportait mal le succès de sa partenaire Claire Lancel, brillante écrivaine… ?

Je vous donne 3 bonnes raisons d’acheter ce livre chez votre libraire.

Raison n°1 – Ta promesse : une narration ficelée, un thriller contemporain

Dès les premières pages (je ne vous spoile donc pas), on comprend qu’il s’est passé quelque chose de grave, d’irréversible entre Claire Lancel et son compagnon. Pourtant, la narratrice décrit une relation amoureuse idéale, un amour comme on en vit rarement, une idylle réciproque qu’on pense imbrisable.

Mais comment la description d’un tel bonheur peut-elle être compatible avec une rupture brutale dont on ne comprend que progressivement la gravité ?

Camille Laurens parvient, au fil des chapitres, à faire monter la pression d’un cran, deux crans, dix crans. Si vous recherchez un livre qu’on a du mal à reposer sur sa table de nuit : foncez.

Raison n°2 – Une écriture féministe qui dénonce la masculinité toxique

J’ai découvert l’œuvre de Camille Laurens assez tardivement, en 2020, en commençant par la lecture de son roman « Fille » (son douzième !) dont j’avais entendu parlé à sa sortie dans les milieux féministes. « Fille » m’a bouleversée par la dissection que fait l’autrice de notre société patriarcale et de ses répercussions perfides sur les destins des filles et des femmes.

La sortie de « Ta promesse » cinq ans plus tard a donc forcément attisé ma curiosité et spoiler alert : je n’ai pas été déçue.

Le féminisme a encore du pain sur la planche, croyez-moi. Tant que les hommes voudront prendre toute la lumière, si le projecteur les dédaigne, ils iront la chercher ailleurs.

extrait de « Ta promesse »
de camille laurence, éditions gallimard (2025)

Dans l’ombre des écrivains, souvent il y a des muses, des compagnes, des égéries, des mamans. Dans l’ombre des écrivaines, il n’y a personne.

extrait de « Ta promesse »
de camille laurence, éditions gallimard (2025)

Dans son dernier roman, Camille Laurens nous plonge dans le quotidien d’une femme écrivaine à succès qui, sans le réaliser, a été victime de violences conjugales : non pas physiques mais psychologiques. Celles qui ne laissent pas de traces visibles. Celles qui font passer pour folles.

Dans une écriture précise qui décortique l’âme humaine, l’autrice nous montre le pouvoir crasse d’un homme au narcissisme profond et aux sentiments feints.

« Ta promesse » est aussi à mon sens le récit d’une survivante qui, bien que l’on soit dans le domaine de la fiction, nous rappelle les chiffres alarmants partagés par la Fondation des Femmes : en 2022, 118  féminicides par conjoint ou ex-conjoint et 217 000 victimes de violences sexuelles ont été recensés (d’après la Lettre de l’Observatoire National des Violences Faites aux Femmes publiée par le gouvernement en mars 2024). Et en 2025, en seulement 8 jours, 3 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. ​

« Ta promesse », de Camille Laurens (22,50€ – éditions Gallimard, 2025)

Raisons n°3 – Camille Laurens, une autrice à lire

J’en ferai très probablement un édito très bientôt car je sais que le sujet peut être clivant mais voilà : j’ai décidé depuis quelques années de consacrer la quasi totalité de mon temps de lecture à des autrices. Force a été de constater que durant mon enfance et toutes mes études, elles avaient presque été inexistantes dans ma bibliothèque. La faute à l’invisibilisation des femmes dans la littérature depuis des siècles.

Je vous invite à faire ce petit exercice : dans les 10 derniers livres que vous avez lus, y a-t-il des autrices ? Votre bibliothèque est-elle à peu près paritaire ? Que la réponse soit positive ou négative (haha je vous ai bien eu.es !), ma réponse est la même : lire les femmes est un acte militant fort !

Alors filez en librairie pour « Ta promesse », de Camille Laurens (éditions Gallimard, 2025)

0 0 votes
Évaluation de l'article
CategoriesBeau Livre
S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires