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Vérino, « La vraie vie, c’est découvrir la puissance du rire collectif. »

Vérino, c’est un peu l’humoriste 3.0. Sa dernière trouvaille ? Verino on demand (VOD), une plateforme indépendante où l’on peut visualiser ses spectacles calibrés pour se visualiser dans une file d’attente, pendant son trajet du matin… Entre coup de gueule contre le mâle blanc dominant et galères de vie de famille, Vérino nous fait rire. Et ça fait du bien.

Tu t’es tout de suite dit que l’humour serait ton métier ?

Oui, ça a été une évidence à partir du moment où j’ai su que monter sur scène et faire rire les gens pouvait être un métier. J’avais 7-8 ans et j’étais allé voir Jean-Marie Bigard sur scène ! C’est uniquement la passion qui m’a poussé à faire ce taf. Je rêvais de faire ça depuis toujours. Au cours Florent, mes potes souhaitaient devenir comédiens, faire du cinéma, moi je ne pensais qu’au stand up, j’adore tellement faire des blagues ! 

Te souviens-tu de ta toute première scène ?

C’était au Palais des Glaces ! J’étais sur Paris depuis 3 mois, je viens de Nancy, et je ne connaissais pas la notoriété de cette salle, je pensais que c’était un petit truc ! (rires) J’ai passé un concours d’humour et j’ai pu monter sur cette scène. Incroyable.

Tu as lancé un nouveau concept de vidéo d’humour “Dis donc Internet” dans lequel tu es dos au public et en direct sur les réseaux sociaux. Pourquoi tu as ressenti le besoin d’investir ce nouveau format ?

J’avais envie d’être présent sur un autre média que la scène et la télé. L’équipe de “On ne demande qu’à en rire” m’avait convaincu que je devais trouver mon format.  La télé, c’est chouette, mais c’est très vite limitée car tu n’as pas toute liberté avec un producteur et des personnes qui attendent quelque chose de toi. Avec Internet, tu fais ce que tu veux. Et puis je n’avais pas de sous ! Je pense que c’est plutôt le concept qui m’a trouvé plutôt que moi. 

Je suis devenu engagé par l’écriture.

Dans ces vidéos, tu traites d’un sujet d’actualité qui a marqué la semaine. Est-ce qu’il y a des thèmes politiques et sociaux actuels qui t’inspirent particulièrement aujourd’hui ?

J’ai remarqué que les vidéos que j’ai faites m’ont politisé, pas au sens couleur politique, mais au sens de l’engagement. Je suis devenu engagé par l’écriture. Un thème qui me porte beaucoup aujourd’hui, c’est celui du féminisme. Quand on est toujours du bon côté, c’est pas facile de s’exprimer sur le sujet et en même temps, on doit le faire ! C’est important que la critique sociale vienne aussi du côté du dominant. 

L’actu se périme très vite, tu as le même sentiment avec tes sketches ?

C’est hallucinant de voir à quel point les sujets sont hyper jetables. Il y a plein de sujets qu’on ne peut pas traiter en spectacle, car ils se périment trop vite ! A côté de ça, il y en a d’autres qui prennent de l’ampleur et je trouve chouette de pouvoir investir des sujets comme #metoo en y mettant de l’affect, ce que ne peuvent pas faire les journalistes et médias qui doivent garder une certaine distance par rapport au sujet. Moi je peux dire ce que je veux, ce que je pense. En tant qu’humoriste, on peut influencer avec nos valeurs. On a ce luxe-là !

En tant qu’auteur, on doit inspirer le rire ensemble.

Tu sens-tu “influenceur” ?

Je ne le revendique pas mais j’en ai conscience. A partir du moment où l’on prend la parole, on est influent. C’est très facile de disséminer des valeurs d’extrême droite surtout dans nos temps de crise. Notre rôle d’humoriste et d’artiste en général, c’est d’exprimer d’autres valeurs. Je m’interdis les vannes un peu “Oh ça va, c’est pour rire” qui sont à la limite de la misogynie, du racisme, de l’homophobie… En tant qu’auteur, on doit inspirer le rire ensemble.

Tu as lancé il y a quelques semaines seulement “Verino on demand” : une plateforme où tu proposes des spectacles de 25 minutes. Pourquoi ce tournant ?

Pour m’adapter à nos modes de vie. Personnellement j’ai 3 enfants, j’ai du mal à me poser 1h30 pour regarder un spectacle. Proposer ce nouveau format me permet de faire découvrir mes vidéos en m’intégrant dans le quotidien des gens. Tu peux facilement regarder une vidéo dans une file d’attente, dans le bus…

Ce format de 25 minutes est challengeant pour toi ?

Hyper challengeant car il se consomme vite et différemment. Je dois écrire encore plus et plus rapidement. Mais j’apprends énormément et plus t’écris, plus tu deviens bon !

La vraie vie, c’est découvrir l’énergie folle d’une salle et la puissance du rire collectif.

Crois-tu encore à la salle spectacle ?

En vérité, c’est le truc qui me parle le plus, car jouer avec des gens en face, c’est précieux. La vraie vie, c’est découvrir l’énergie folle d’une salle et la puissance du rire collectif. Je pense qu’on en a besoin. Mais je pense aussi que le stand-up doit d’être présent devant et derrière les écrans. Si ça se trouve, l’année prochaine j’arrêterai ma plateforme ! Mais je me suis rendu compte de ce truc magique qu’on avait droit à l’erreur. Je me jette à corps perdu dans ce projet. 

Tu insistes sur l’indépendance de ta plateforme, en quoi c’est important pour toi de le spécifier ?

C’est justement pour garder cette liberté de faire ce que je veux. Je suis persuadé que c’est qu’en essayant qu’on réussit. Si on se contente de faire ce qu’on fait depuis des années, on n’avance pas. 

Dans tes spectacles, tu parles beaucoup de ta vie de papa. C’est ta source principale d’inspiration ?

Maintenant oui ! La vie de papa est passionnante et j’ai découvert les enjeux d’une éducation : comment amener des personnes à devenir des adultes ! J’écris naturellement sur ma vie de famille, j’ai des enfants géniaux et une femme géniale…Parfois je me demande si je raconte trop ma vie et en même temps, je trouve qu’elle a un intérêt car on apprend beaucoup. 

Pourtant le discours “famille-enfant” est assez ringardisé !

Oui c’est vrai, c’est ringard de parler de ses 10 ans de mariage, de ses goss… C’est un discours de gens heureux !  Tout est fait aujourd’hui pour l’individu, tout est consommable, y compris les relations… Quand on tient un discours comme le mien, on te donne l’air d’un vieux papi alors que c’est ça la modernité, mais je comprends que ça puisse énerver ! (rires)

Tu es auteur, humoriste et aussi producteur. Tu co-produis Tania Dutel que nous avons déjà rencontrée. Qu’est-ce qui te plait dans son travail ?

Je co-produis Tania effectivement avec ma femme. Le métier de producteur m’intéresse tout autant que celui d’humoriste car il permets de soulager un artiste et de l’aider dans son développement. Tania est hyper puissante, elle faisait mes premières parties. Très rapidement, on s’est dit avec ma femme qu’il fallait faire quelque chose avec elle. Elle tient un discours engagé et féministe, elle parle de grossophobie… C’est presque militant de la produire ! 

Quel est ton objectif pour les prochaines années ? 

Réussir à tenir le rythme ! Et c’est un beau challenge. 

Suivez Verino sur Youtube, et découvrez sa plateforme Vérino on Demand : https://vod.verino.fr/

 

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