A seulement 22 ans, Zélie est la révélation pop à suivre en 2024, avec un premier album en forme de journal intime à la sensibilité à fleur de peau sorti le 1er mars. Rencontre avec l’artiste au “million de petits chocs”… et très bientôt de followers!
Zélie, ton premier album s’intitule “un million de petits chocs”, pourquoi avoir choisi ce titre ?
J’ai appelé mon album « un million de petits chocs » car j’ai un soir retrouvé une note sur mon téléphone, où il était écrit : « lorsque l’on est une femme, on ne nous achève pas d’un coup de massue, mais d’un million de petits chocs ». J’avais entendu cette phrase dans la série Ginny and Georgia et elle avait tout de suite résonné en moi, car c’était exactement ce que je ressentais à cette période.
J’étais en plein dans la création de l’album, et je me suis dit « c’est pas mal comme nom d’album : poétique, inattendu, et très représentatif des thèmes que j’aborde » !
Zélie – En rosalie
Les textes très personnels de ton album frappent par leur richesse et leur délicatesse. Est-ce que tu écris depuis longtemps des textes? Et des chansons?
Merci beaucoup pour le compliment J’ai toujours aimé écrire, peu importe ce que deviennent les textes. J’ai commencé vers 7/8 ans à écrire des histoires, des poèmes : pour m’excuser auprès de mon frère après une dispute par exemple, je le faisais par écrit. Je crois que ça m’a toujours aidée à faire le point, à m’exprimer avec un certain recul, à me comprendre.
Zélie, tu es venue à la chanson grâce à un ukulélé. Peux-tu nous raconter ?
Mes amies m’ont offert un ukulélé pour mes 16 ans. J’avais découvert cet instrument en regardant les prestations de Grace Vanderwall dans America’s Got Talent, et je voulais lui ressembler. J’en parlais beaucoup à mes amies donc elles ont fini par m’en acheter un !
Ta voix est illuminée par une variété de styles pop qui ont pour point commun la simplicité et l’épure. Pourquoi avoir fait ce choix musical ?
Je ne sais pas si je peux parler de « choix » lorsqu’il s’agit de l’utilisation de ma voix. Je pense que j’ai simplement été influencée, sans le savoir, par des projets musicaux dont les voix étaient posées, presque soufflées. J’écoutais énormément Videoclub au moment d’écrire mes premières chansons, et j’aimais la façon douce dont Adèle Castillon utilisait sa voix pour chanter, parler, fredonner.
Quelles sont tes inspirations en musique et ailleurs ?
J’écoute énormément de pop francophone, et un peu de rap français. Ça a commencé avec Angèle, Orelsan et VideoClub, puis j’ai découvert Disiz, Ben Mazué, Emma Peters, Yseult… Côté chanson française, mon père passait en boucle les disques d’Etienne Daho et de Dominique A quand j’étais petite.
Récemment, ce sont certaines lectures féministes des éditions Points qui m’ont inspirée (Les couilles sur la table de Victoire Tuaillon, Ces hommes qui m’expliquent la vie de Rebecca Solnit, Sororité de Chloé Delaume). Et bien sûr, j’écoute énormément de filles de ma génération : Adèle Castillon, Yoa, Anaïs MVA, HINA… car elles ouvrent la parole, il n’y a rien de plus inspirant !
Ton album met en lumière avec brio le thème difficile de la santé mentale, est-ce que pour toi c’est un mal générationnel ou (aussi) une conversation que les précédentes n’ont pas pu/su avoir ?
Une conversation que les générations précédentes n’ont pas pu/su avoir ! Je dis ça car j’en discute énormément avec mes parents, qui sont d’ailleurs très à l’écoute de ma génération. Ils se rendent compte qu’eux aussi auraient aimé s’ouvrir de cette manière là, aborder la santé mentale plus tôt.
L’amour est présent en filigrane sous toutes ses formes : attente, bonheur, désillusion, rupture, mais aussi et surtout à travers la recherche de l’amour de soi. Comment la musique t’a-t-elle permis d’avancer sur ce chemin ?
La musique suit mon évolution personnelle de près, et ainsi ma vision, mes attentes, ma façon de parler de l’amour changent elles aussi.
“Le cri” est une balade magnifique et très intimiste sur la transidentité. Quand ce cri est-il arrivé dans la composition de l’album, et plus largement dans ton vécu ?
« Le cri » est la plus vieille chanson de l’album, je l’ai écrite il y a plus de deux ans avec mon frère, pendant la journée internationale de la visibilité trans. C’est son histoire, alors j’ai décidé d’en apprendre plus sur la transidentité, en lui demandant de m’écrire un texte sur ce qu’il ressentait de positif comme de négatif. Cette chanson tient une place très importante dans l’album. J’ai envie que les gens sachent ce que c’est, car ils ont souvent peur de ce qu’ils ne connaissent pas.
Tu souhaitais “tout dire à ta mère”. Est-ce que tu as réussi à le faire avec cet album ?
Ma mère a écouté l’album en entier, et je crois qu’elle sait tout désormais
Tu t’es entourée de Jok’air et de Mauvaise Bouche sur deux morceaux, comment sont nées ces collaborations ?
Mauvaise Bouche et Jok’air travaillent au sein du même label que moi, cela fait environ 3 ans que je les côtoie et que j’apprécie leur musique ! J’ai pu partager plusieurs moments de composition avec Mauvaise Bouche, mais c’est cette chanson qui est ressortie : « faut que je m’en souvienne ». À la base, c’est une chanson qu’elle m’avait aidée à composer, le projet se trouvait sur son ordinateur. En rentrant chez elle à Montpellier, elle a posé un couplet sur la prod et me l’a envoyé sur whatsapp. J’ai eu les larmes aux yeux en écoutant ce qu’elle avait fait. J’ai su que la chanson se retrouverait sur mon album !
Cela faisait un moment que je souhaitais collaborer avec Jok’air. Du coup, je lui ai fait écouter plusieurs morceaux de l’album, et il a aimé ! Il a choisi son morceau favori avant de poser son couplet en studio avec moi. C’était génial !
Zélie – J’aimerais que tu saches
Ton rêve était de faire de la scène, tu l’as réalisé avec une première date à La Boule Noire ce 1er mars. Comment ça s’est passé et quelle place as-tu choisi de donner au corps qui est très présent dans tes compositions ?
La Boule Noire, c’était le plus beau jour de ma vie ! Je n’avais encore jamais vraiment eu l’occasion de rencontrer mon public, et je peux maintenant dire qu’il est incroyable, très énergique, émotif et bienveillant. On a dansé, ri, pleuré, je me suis sentie proche d’eux.
La danse a une place très importante dans ma vie, c’est par ça que j’ai commencé. J’avais donc vraiment envie que la danse vienne compléter mes propos sur scène : une colérique pour « je suis une femme », une solaire pour « en rosalie »… Parfois les mots ne suffisent pas, et c’est là que la danse prend tout son sens !
Quels sont tes projets à venir ?
Pour le moment, je me concentre sur la tournée. J’ai hâte de me découvrir à travers tous ces concerts, toutes ces rencontres ! Je continue de créer des chansons, j’aimerais collaborer avec les artistes que j’aime. J’ai du temps avant le deuxième album, donc je vais essayer de vivre plein de choses pour pouvoir capter les prochains thèmes !
Superbe interview d une Artiste bourrée de talents, d une grande sensibilité et intelligence. Cet Album est une pépite, à écouter sans modération. C est l éclosion d une Grande de la scène Pop…..Merci Zélie pour ce que tu nous offres….