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Blandine Lehout, humoriste : « J’avais un rêve qui me semblait beaucoup trop gros »

Blandine Lehout, humoriste J'avais un rêve interview le prescripteur la vie de ta mère théatre du gymnase

Le rêve qui semblait beaucoup trop gros pour Blandine Lehout ? Celui d’abandonner son job d’experte comptable où elle commençait sérieusement à faner, pour s’épanouir pleinement dans le stand up ! C’est pourtant ce qu’elle a fait, avec deux grossesses quasiment coup sur coup : après la longue attente de la première, la découverte de sa deuxième grossesse (pas prévue !) s’invite dans un timing rock’n’roll puisque la jeune humoriste souhaite enfin se lancer pleinement dans le stand up. Elle a 9 mois avant l’arrivée de son bébé ? Qu’à cela ne tienne, elle se donne 9 mois pour écrire et rôder son spectacle. Aujourd’hui, Blandine fait salle comble avec « La vie de ta mère ». Rencontre sans filtre.

Blandine Lehout – Tu es passée de l’expertise comptable à… l’humour ! Mais par quel truchement de la vie !?

C’est vrai, j’étais experte comptable, après des études assez coûteuses, mais j’ai toujours voulu faire de la scène, même si je n’assumais pas du tout cette envie. Je me disais, quitte à faire un métier qui ne me plaira pas, autant faire un boulot qui rapporte… Et en fait, c’est en faisant ça que je suis allée à l’encontre de ma nature. J’avais sans cesse mal au ventre. Mes proches me disait : « Mais Blandine, tu es sûre ? La comptabilité, vraiment ? » Ils sentaient eux aussi que je n’étais pas alignée. Un jour, j’ai fait mon coming out !

Après maintes péripéties, je me suis lancée. J’ai commencé à faire de petits stages de théâtre.

Depuis le tout début, je souhaite faire rire les gens ! Mais je n’avais pas spécialement en tête le stand up, ça me paraissait très loin et inaccessible. J’avais un rêve qui me semblait beaucoup trop gros.

Blandine Lehout, pour le prescripteur

J’ai fait comme je fonctionne dans ma vie, par étape : j’ai suivi des cours de théâtre pour devenir comédienne. J’ai commencé à faire des petits projets, à jouer dans des comédies de boulevard…. Puis j’ai essayé de devenir intermittente. Et j’ai commencé à choisir des projets qui me plaisent vraiment ! Fin 2019, j’ai fais 3 plateaux, je prenais vraiment du plaisir, mon mari m’aidait à écrire… et Bam ! Confinement.

Blandine Lehout, humoriste  J'avais un rêve interview le prescripteur la vie de ta mère théatre du gymnase

Blandine Lehout – crédit photo Léa Rouaud

C’est à ce moment-là que tu tombes enceinte de ton premier enfant ?

Oui, je tombe enceinte de ma fille et je commence à raconter ma vie sous forme de sketches sur Insta, auprès de mon audience de 800 personnes. Et puis ma communauté a commencé à grandir… Au moment où j’ai pu reprendre les comédies clubs, refaire des plateaux, j’apprends que je suis enceinte de mon deuxième enfant et ça remet tout mes projets en question : est-ce que mon rêve de stand up est de nouveau reporté, ou est-ce que finalement je ne l’atteindrai jamais ?

Je me sentais anéantie, convaincue que cette grossesse allait à l’encontre de mes projets. Du moins c’est ce que j’ai cru. Cette grossesse tombait du ciel.

J’avais galéré à tomber enceinte de ma fille, ça a mis près de deux ans et demi et je pensais que j’allais de nouveau galérer pour mes autres grossesses. Je me disais que ma machine était un peu rouillée et en fait elle était lancée !

Blandine Lehout, pour le prescripteur

Et finalement je me suis dit que cette grossesse allait être mon moteur. Je me suis donnée 9 mois pour accoucher ce spectacle. Si 9 mois est le timing pour la naissance d’un enfant,
pourquoi pas pour celui d’un spectacle. Après tout ce sera mon bébé aussi.

J’ai écrit, écrit, écrit, j’ai fait autant de plateaux que de rendez-vous médicaux, j’ai pris du plaisir, j’ai flippé, j’ai bidé, j’ai répété des heures pour préparer l’arrivée de ce spectacle comme on prépare celle d’un enfant.

Mon histoire, c’est celle d’une mère qui veut réaliser ses rêves, qui se dit qu’elle n’a pas à choisir ses combats.

Blandine Lehout, pour le prescripteur

Tu racontes dans ton spectacle ton quotidien de maman débordée…

J’ai deux emplois du temps, et c’est éreintant ! J’ai la journée avec mes enfants, et le soir c’est Comedy Club si je ne joue pas mon spectacle. Le prix à payer, c’est le manque de sommeil, mais c’est ça mon équilibre. Et j’ai un mari déterminé à m’aider : quand je pars à 18h30 de la maison, il est là.

Ton mec en prends plein la tronche dans ton spectacle : tu « attends que la mort vous sépare » ! Rassure-nous, ce n’est pas si terrible entre vous ?

J’extrapole bien sûr dans mon spectacle ! Le message c’est surtout de dire que c’est normal que l’arrivée des enfants soient hyper compliquée pour le couple.

Une fois, une spectatrice m’a vraiment touchée : elle m’attendait à la sortie de la salle et elle m’a dit « C’était mon destin de voir ton spectacle : je viens d’avoir mon deuxième enfant, il a 6 mois, et j’ai annoncé à ma meilleure amie que j’allais demander le divorce avec mon mari. Mais après avoir vu ton spectacle, je suis en train de me dire que ce qu’on traverse est peut-être une phase normale. » Je me rappelle lui avoir demandé si elle dormait, et elle m’avait répondu que non. Je lui avais conseillé d’attendre de redormir avant de prendre cette décision…

Il y a un cap entre le premier et le deuxième enfant ?

Pour nous, le premier, a été un rêve, et le deuxième, ça a été plus difficile, car tout est millimétré pour être là pour ton ainé, pour ne pas qu’il se sente trahi.

C’est un vrai truc que je ne raconte pas dans mon spectacle : avec Mathieu, on est retombé amoureux avec l’arrivée de notre premier enfant. Ca parait fou, mais après cette première naissance, notre amour a augmenté, on s’est encore plus aimés.

Blandine Lehout, pour le prescripteur

C’est avec le deuxième et ses reflux que ça a été très difficile : on n’a pas compris ce qui nous arrivait. La première n’avaient eu aucun souci de santé. On a déchanté avec mon fils. Les couples qui fonctionnent à mon sens, sont ceux qui ne considèrent pas que la maman doit se charger de tout. Avec mon mari, on a toujours partagé les nuits. Même aujourd’hui, on fait une nuit sur deux, parce que notre fils ne dort pas encore.

Blandine Lehout, humoriste  J'avais un rêve interview le prescripteur la vie de ta mère théatre du gymnase

Blandine Lehout – crédit photo Léa Rouaud

Tu confies que ton mari écrit aussi pour ton spectacle ?

Oui, en fait Mathieu faisait du stand up avant ! Pour faire court, on a vécu une période difficile financièrement et il a dû se sacrifier.

Mon mari ne s’épanouissait pas comme il le souhaitait dans le stand up et un jour il m’a dit : « Je crois plus en toi qu’en moi. Je te donne mon spectacle, prends ce que tu veux dedans. »

Blandine Lehout, pour le prescripteur

Il faisait de l’humour noir et c’était un homme, donc il y a 80% du spectacle que je ne pouvais pas reprendre, mais j’ai tout de même récupéré quelques vannes ! Et comme il a la vision du stand uper, il m’a dit « T’es une femme, une mère, en couple, on va tout étirer. »

Dans mon spectacle, tout part de vérité, et les vannes les plus horribles sur mon mari, c’est lui qui les as écrites !

Blandine Lehout, pour le prescripteur

Tu évoques à plusieurs reprises le fait que tu est une ancienne obèse. 67kg à 8 ans. Quelle est aujourd’hui ton rapport au regard que l’on pose sur toi ?

Mon rapport au corps est très sain car je me suis battue toute ma vie pour être comme je suis et aujourd’hui, je n’ai aucun complexe. Je pense que c’est la maternité qui a tout libéré.

Blandine Lehout, pour le prescripteur

Il me reste des kilos de grossesse à perdre, en même temps quand tu prends 30 kg, c’est long… Mais j’ai fait la paix avec moi-même, je sais qui je suis. Je me montre sans maquillage sur les réseaux sociaux, je me moque du regard des autres.

Je ne prône pas la minceur, je prône d’être bien dans son corps. Je suis en admiration des femmes en accord avec elle-même, qu’elle soit considérée en surpoids ou non. J’ai été une ado très complexée, une jeune femme en quête d’un corps qu’elle ne pouvait pas avoir…

Aujourd’hui, j’ai les seins d’une femme qui a eu des gosses, je m’en fous. Je m’aime comme je suis. Et si je peux parler franchement, le body positiv, je trouve que c’est très hypocrite, c’est encore une loupe sur le corps des femmes.

Blandine Lehout, pour le prescripteur

Quelles sont tes prochaines dates de spectacle ?

Je suis en représentation exceptionnelle à l’Européen le 04 Juin, et la salle est complète, c’est totalement fou ! Et à partir du 27 Septembre, je serai au théâtre du Gymnase (tous les jeudis, vendredis et samedis à 19h30) et en tournée 🙂

Réservez dès maintenant votre place pour le spectacle « La vie de ta mère » de Blandine Lehout !

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