Tout est parti d’une intuition : Clémentine Galey, alors directrice de casting chez TF1, décide de lancer en 2018 un podcast sur la maternité pour informer et briser les tabous. Elle en est intimement convaincue : les femmes en ont besoin. A cette époque, celle qui a découvert l’existence de l’épisiotomie seulement après en avoir subi une est presque la seule à défendre l’idée qu’on n’a jamais fait le tour du sujet de la maternité. 40 millions d’écoutes plus tard, elle nous raconte cette folle histoire qui est projetée, ce 22 juin à 20h, dans plus de 180 salles de cinéma en France !
Lorsque tu as parlé de ton idée de lancer un podcast autour de la maternité, on t’a répondu que tu en aurais vite fait le tour…
C’est vrai ! Mais j’étais certaine que c’était un puits sans fond de récits tous plus extraordinaires les uns que les autres, à la fois banals et exceptionnels. On peut raconter 25 histoires d’endométriose ou de PMA, ce seront toujours 25 histoires différentes…
D’où te venait cette intime conviction que ce podcast était nécessaire ?
J’ai vécu mes deux grossesses et accouchements dans un flou artistique absolu, même si j’ai eu des expériences plutôt faciles. Je me suis tapée une belle épisiotomie après mon premier accouchement et je n’ai connu le terme qu’à ce moment-là. J’ai avorté aussi à 18 ans dans la méconnaissance de comment cela se passe. J’avais déjà mesuré l’ignorance que nous, les femmes, avons de ces moments qui touchent pourtant à notre intimité.
CLémentine galey,fondatrice de bliss storie
pour Le prescripteur
Et puis une de mes petites sœurs est tombée enceinte, et je l’ai vue aussi nager dans ce flou artistique… Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. A cette époque, je cherchais à entreprendre, j’étais directrice de casting chez TF1 et je bossais pour une émission autour des sages-femmes libérales. Il n’y a pas de hasard !
Toi qui viens de la télé, tu as choisi le format du podcast…
J’ai été subjuguée par la puissance de la voix même si j’ai eu du mal à écouter la mienne ! Je me gommais beaucoup au début et puis au fil des épisodes, j’ai commencé à assumer d’incarner ce podcast.
Bliss Stories est immédiatement un carton mais tu ne t’en rends pas compte tout de suite !
Effectivement ! Je n’avais aucune idée des audiences de bonnes écoutes. Et puis un jour, des amis podcasteurs m’ont demandé mes audiences et je me rappelle que l’un d’entre eux m’a dit : “Mais Clémentine, tu fais en 1 mois ce que je fais en 6 mois, il se passe un truc !”
Comment expliques-tu ce succès immédiat ?
Je pense que les femmes se sont immédiatement senties moins seules : tiens, elle aussi a vécu un post-partum douloureux, une IVG… On sort de son isolement, on se met à se parler… Et il y a tant de sujets à traiter. Tu vois, j’en suis à l’épisode 202, on a parlé des phobies d’impulsion, un sujet dont on ne parle jamais et qui touche tant de parents !
Tu ne penses pas que parfois, il vaut mieux ne pas trop en savoir ?
J’ai surtout envie de mettre le savoir à disposition. Ça ne veut pas dire écouter obligatoirement tous les épisodes. L’important est de savoir où trouver l’information quand tu en as besoin.
Bliss Stories est comme une grande bibliothèque de voix dans laquelle on peut piocher. Effectivement, certaines femmes aiment garder ce flou, cette innocence et y aller au feeling. Je ne fais pas de lobbying ! Mais ce que je dis, c’est que le savoir c’est le pouvoir.
CLémentine galey,fondatrice de bliss storie
pour Le prescripteur
C’est mon mantra. Beaucoup de ce qu’il y a sur le podcast devrait être enseigné à la l’école à mon sens, on part de tellement loin en terme de connaissance.

Clémentine Galey, fondatrice du podcast Bliss Stories | crédit photo : @luciesassiat pour Le Prescripteur
Bliss stories est devenu… un spectacle joué au Grand Rex qui est projeté ce 22 juin dans plus de 180 salles en France !
Oui après le podcast, le livre, le programme audio, le bliss vanity… le spectacle !
On a écrit à quatres mains avec ma collaboratrice Aurélia Martin le spectacle auquel j’aurais voulu assister en temps que femme, féministe, future mère…
CLémentine galey,fondatrice de bliss storie
pour Le prescripteur
J’ai monté ce spectacle avec une série d’invitées extraordinaires qui ont toutes répondu oui à mon invitation même si elles n’étaient jamais montées sur scène ! On n’est pas dans un ted talk ou dans un cercle de femmes, on est dans un spectacle hybride avec les codes du divertissement.
Le spectacle démarre par l’intervention de Fiona Schmidt, ta première invitée…
J’ai souhaité démarrer le spectacle sur la thématique du non désir d’enfant car je ne veux pas que Bliss Stories fasse du lobbying pro enfantement.
CLémentine galey,fondatrice de bliss storie
pour Le prescripteur
Au secours ! Puis on parle de l’avant, pendant et après grossesse avec des invitées toutes plus incroyables les unes que les autres : Louise Chabat, Karole Rocher, Aurélie Saada…
Tu as noué un lien fort avec ta communauté, est-ce que cela t’effraie parfois ?
Ça me met une certaine responsabilité sur les épaules… Certaines après le spectacle me confient à l’oreille “Je ne l’ai encore dit à personne mais je suis enceinte”, ou “Grâce à toi j’ai avorté, tu m’en as donné la force”, je reçois ces confessions intimes car, sans le savoir, j’ai créé un lien fort avec elles. Je réalise que je fais partie de leur quotidien. Elles en savent plus sur moi, que moi sur elles ! Quand tu n’es pas une personnalité publique, c’est très étrange !
Quels sont les combats qui vous tiennent particulièrement à cœur aujourd’hui chez Bliss ?
On a un vrai engagement sur la maternité au travail pour essayer de sensibiliser les entreprises pour un meilleur accompagnement des parents au travail. Et puis notre philosophie, c’est d’avoir peur de rien, et surtout aucun tabou !
Retrouvez Bliss Stories, le podcast de Clémentine Galey.

Clémentine Galey, fondatrice du podcast Bliss Stories | crédit photo : @luciesassiat pour Le Prescripteur