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Laura Felpin : « La scène reste un saut dans le vide abyssale »

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Peut-être que vous la suivez déjà sur Instagram, ou que vous avez regardé sa chronique dans Quotidien, ou encore que vous l’avez adorée dans le Flambeaux (#annickforever)… En tous cas, vous vous êtes forcément poilées devant Laura Felpin ! La comédienne et humoriste la plus en vogue du moment nous fait l’honneur d’être en couverture du Prescripteur de septembre et se confie sur ses projets à venir… Une femme qui prend son envol, et c’est beau d’y assister. 

Après le bac, tu t’es tout de suite dirigée vers une formation dans les arts et le spectacle… Une évidence pour toi ?

C’est très étrange, mais je n’ai pas l’impression de m’être posée la question. J’ai grandi dans un milieu familial, social et culturel qui a fait que c’était sur mon chemin. Comme si on se passait une boulangerie de père en fils ! Ma mère travaillait déjà dans les arts du spectacle, elle est clown ! Elle a été céramiste pendant un temps… C’était complètement naturel d’évoluer dans ce milieu-là.

Quel a été ton premier job ?

Quand j’ai fini ma formation, j’ai commencé tout de suite à travailler en faisant des doublages et des voix off. J’ai fait des petites apparitions dans les séries The Mentalist, Grey’s Anatomy… J’ai doublé aussi dans la série Timeless sur M6 ; et j’ai travaillé avec Netflix pour la série The Rain… J’adore le doublage, tout ce qui tourne autour de la voix me passionne.

Ton travail est devenu particulièrement visible quand tu as intégré l’émission Quotidien de Yann Barthès !

Oui, ça a été des super années pour moi ! J’ai étoffé des personnages pour l’émission, j’en avais déjà beaucoup sur Instagram et Quotidien m’a permis de les approfondir.

Il y a des personnages de ton répertoire que tu affectionnes particulièrement ?

Vanessa Poteau, une racaille du Sephora de Mulhouse ! (rires) J’ai l’impression de la connaître car je viens de là-bas. Mais j’ai moins de plaisir à la jouer, car elle me fatigue ! (rires) Sinon il y a Laeticia Goulard, le stéréotype de l’influenceuse qui fait une conférence dans mon spectacle. Elle est un peu bête mais attachante. Ce qu’il faut savoir c’est qu’il n’y a pas un seul de mes personnage que je n’aime pas profondément ! Je n’ai jamais voulu faire un spectacle pour se moquer des gens, je veux rester dans la bienveillance.

Laura Felpin interview le prescripteur look rosae paris crédit photo zoefidji
Crédit photo – @zoefidji | Look Rosaé Paris

Comment construis-tu tes personnages ?

Je pense que j’observe beaucoup autour de moi ! Le personnage de la sexagénaire avec ses lunettes en demi-lune qui écrit ses textos à l’index, c’est vraiment ma mère. Je n’ai pas vraiment de mode opératoire pour imaginer mes personnages, c’est bête mais c’est vraiment la vie qui m’inspire ! Après il y un travail sur les accessoires pour qu’on comprenne tout de suite sur scène avec un minimum d’objets, la psychologie de mon personnage.  

Ta voix et surtout ton élocution sont impressionnantes. Travailles-tu particulièrement ta diction avant un spectacle ? 

C’est marrant, car c’est quelque chose qu’on me dit beaucoup mais que je ne peux pas expliquer. A l’époque du doublage, on me disait que j’articulais trop ! J’avais du mal à faire des ellipses. Mais j’ai toujours été comme ça, je ne fais pas d’exercices particulier, sans vouloir me la raconter ! (rires)

Si tu regardes mes bulletins de notes, mes profs notaient déjà “Très bonne à l’oral !”, même si c’était de la poudre aux yeux !

Laura Felpin

Dans ton spectacle, tu termines sur un passage plus intime sur ta grand-mère paternelle. C’est une mise à nu pour toi ?

C’est une partie où je suis plus vulnérable, oui. J’ai mis beaucoup de temps à l’écrire car c’est le moment le plus autobiographique du spectacle, même s’il est dans la continuité et qu’il explique le questionnement sur moi-même qui découle de la création de tous mes personnages. J’ai très peu connu ma grand-mère qui est décédée trop tôt alors que j’avais 14 ans. J’ai un héritage physique car elle était vietnamienne et cela se voit sur mon visage. Il ne me reste d’elle que ces souvenirs que je raconte dans le spectacle. 

Tu travailles avec un co-auteur, Cédric Salaun, qui joue épisodiquement dans ton spectacle. Depuis combien de temps vous connaissez-vous ?

Ça fait 5-6 ans qu’on travaille ensemble, mais j’ai l’impression de faire des blagues avec lui depuis 10 ans ! On s’est rencontrés dans une formation de doublage, on s’est tout de suite adoré et on ne s’est jamais quittés. Il était déjà mon co-auteur pour Quotidien, on a décidé d’écrire ensemble ce spectacle produit par Thierry Suc, la Rolls Royce de la production ! C’était important pour moi qu’il monte sur scène, j’adore qu’il ouvre la salle en incarnant ce personnage presque malaisant, à tel point qu’on se demande s’il joue ou s’il travaille pour le théâtre ! (rire)

Ton spectacle s’ouvre sur toi en costume d’époque. Une entrée anachronique par rapport à la suite du spectacle. Pourquoi ?

Cette marquise n’a aucun rapport avec la suite du spectacle, c’est vrai ! (rires) Mais j’avais une image dans ma tête d’une ouverture grandiloquente. Mon spectacle commence finalement par un grand tableau et c’est aussi parce que je déteste les arrivées de stand up, c’est ma hantise ! Arrivée en costume d’époque, puis être déshabillée par Cédric pour lancer le spectacle, c’est ma façon d’éviter ce moment gênant de l’introduction. Bon ça ne m’a pas facilité la tâche, car cette robe est infernale à enfiler et à enlever ! (rires)  

Tu savais que ton public te suivrait d’Instagram à la scène ?

Je me suis dit que si les gens m’aimaient sur insta, ils aimeront le spectacle ! Mais la scène reste un saut dans le vide abyssale.

Je me souviens de ma première date à Lyon, j’avais envie de mourir ! C’était une telle dose de stress et de douleur que je me suis dit que je n’allais pas pouvoir continuer ce métier ! Et puis ça s’atténue avec le temps…

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Crédit photo – @zoefidji | Bijoux – Morgan Lou – Look Rosaé Paris – Chaise The Sociality Family

Ton personnage d’Annick dans l’émission Le Flambeaux est un carton ! Tu t’attendais à une telle ovation ?

Non pas du tout. C’est complètement dingue de voir qu’Annick continue de vivre même après l’émission… Je la vois passer sur Twitter, Tik tok…

Les gens m’appellent Annick dans la rue, (ou sac à crottes, ce que j’apprécie beaucoup moins), c’est assez perturbant de voir l’ampleur qu’a pris ce personnage !

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Surtout que j’ai su tard que j’allais pouvoir participer à l’émission car je tournais en parallèle un premier rôle dans un long métrage. A cause de moi, on a tourné tous les samedis pendant 1 mois et demi !

Parle-nous de ton premier rôle au cinéma…

C’est un magnifique projet. J’ai le premier rôle féminin dans le film Tu ne tueras plus, réalisé par Cécilia Rouaud, qui sort bientôt au cinéma. En fait, c’est un trio de premier rôle que je partage avec François Damiens et William Lebghil. C’est un des plus beaux tournages de ma vie, je connaissais déjà bien William et j’y ai rencontré François qui est un ami pour la vie ! Je suis tellement heureuse de décliner mon métier dans plusieurs formes : théâtre, film, stand up… Je mesure ma chance chaque jour. Les gens mettent du temps à trouver ce qu’ils aiment et on vit dans une société qui ne pardonne pas qu’on ne fasse pas un métier passion. Moi j’ai la chance d’avoir trouvé ma voie et de m’éclater. Merci la vie !

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