Pola von Grüt n’était pas du genre à lire ses horoscopes dans les magazines et pourtant, cette Brésilienne, fille de diplomate, qui est passée par les bancs de Louis le Grand puis Science Po, est devenue astrologue. Dans un monde cartésien, elle a choisi de suivre sa petite voix intérieure qui l’a poussée à transmettre sa passion pour les étoiles, la mythologie, le symbolisme, la philosophie. Rencontre avec cette artiste aux multiples facettes.
Pola von Grüt, Tu travaillais dans la communication. Comment as-tu passé le cap de devenir astrologue ?
L’astrologie n’est pas un métier valorisé par toute la société, elle n’a pas toujours bonne presse. On se dit rarement, à 18 ans, j’ai envie d’être astrologue ! Surtout en France, avec son fort courant cartésien. Personnellement, je voulais être professeure de philosophie, et puis la vie a fait que j’ai d’abord commencé par travailler en communication digitale… Pour moi, l’astrologie a toujours été quelque chose d’assez lointain : un savoir du passé, une pratique perdue. Et puis bien plus tard, j’ai voulu donner des cours en ligne, transmettre, mais je ne savais pas quoi. J’étais communicante certes, mais ce n’était pas une passion dévorante.
Tu étais passionnée par la mythologie, la philosophie… C’est cela qui t’a guidée vers l’astrologie ?
Oui, quand j’ai décidé de me lancer, j’ai eu cette impression d’entrer dans un endroit que je connaissais déjà. Tout ce qui m’avait déjà passionné étaient réunis dans l’astrologie : la mythologie (je m’y réfugiais souvent, pour ne pas être figée dans le monde moderne), l’astronomie (qui était une passion adolescente) et l’approfondissement du symbolisme et de la philosophie.
Qu’est-ce que le symbolisme ?
Le symbolisme, c’est cette idée de travailler de façon analogique avec le monde. On sait que le soleil, le lion et l’or sont trois choses différentes : planète, mammifère, métal. Mais grâce à la symbolique, on crée des ponts entre des réalités différentes, profondément liées dans notre imaginaire. C’est le principe-même de la poésie, c’est un rapport poétique au monde.
Comment t’es-tu formée concrètement à l’astrologie ?
C’est un savant mélange d’études et d’audace ! Comme tout ! J’ai trouvé une université : la Faculty of Astrological Studies basée à Londres avec un cursus en 3 ans.
La première année, tu apprends à lire un thème de naissance et les deux autres années, à lire les évolutions, les transits, le ciel dans sa dynamique. Je ne voulais pas sombrer dans la posture de l’éternelle étudiante, j’avais envie de pratiquer. Au bout d’un an, j’ai ouvert mon cabinet : je me suis jetée à l’eau et j’ai commencé à nager ! Je ne suis pas du tout attirée par l’immortalité, mais j’aurais aimé vivre 3000 ans pour comprendre ce savoir dont on ne parvient jamais à faire le tour… J’aurais aimé parler à Pythagore, étudier à la bibliothèque d’Alexandrie…
Tu es aussi artiste puisque tu réalises des collages digitaux autour du thème de l’astrologie. Pourquoi avoir choisi cette technique en particulier ?
Parce que je ne savais pas dessiner ! (rires) Il faut savoir qu’à l’époque, c’était il y plus de 15 ans, je travaillais avec ma tante qui est peintre (je documentais son travail artistique) et son mari, le célèbre écrivain Paulo Coelho dont je m’occupais des réseaux sociaux. J’étais fascinée par ces deux personnes qui parvenaient à vivre de leur art. Au bout d’un moment, je me suis sentie frustrée car je n’avais pas l’impression d’exprimer ma créativité. Ce truc bouillonnait en moi, et c’est comme cela que j’ai commencé à découper des images, à les scanner pour ajuster leur taille… Et puis j’ai ouvert photoshop et je me suis dit que je n’avais même plus besoin de ciseaux : je pouvais créer des collages à partir de gravures anciennes dénichées sur le web.
Ton univers se rapproche beaucoup du travail de Marx Ernst et du courant surréaliste !
C’est vrai, je me sens proche du surréalisme, j’adore ce courant. J’aime travailler avec les coïncidence, les imprévus, les accidents féconds. J’ai aussi découvert les planches alchimiques et c’est en regardant ces gravures des 16,17, et 18ème siècle que je me suis dit qu’on pouvait aller encore plus loin : se brancher à des courants, à des savoirs qui sont plus vastes. Je ne montre pas mon univers, mais je me connecte à une immense rivière millénaire qui m’inspire !
Toutes les images que tu utilises sont libres de droit ?
Oui, souvent elles sont très anciennes et remontent à plus de 300 ans. Je m’assure bien sûr que je peux les modifier, les commercialiser.
Tu es passionnée par la figure de l’œil qu’on retrouve dans beaucoup de tes créations. Comment l’expliques-tu ?
C’est une obsession pour moi. Je ne sais pas pourquoi l’œil humain me passionne autant. Certains ce sont les mains, la bouche… Moi, c’est l’œil : cette rondeur, cette forme parfaite, symbole d’éternité, porte de l’âme, mais aussi miroir… Et il y a quelque chose dans la forme qui rappelle la voûte céleste. J’ai l’impression de tomber dans un abyme qui m’élève.
Tu as sorti ton livre S’initier à l’astrologie, que tu as entièrement illustré. Qu’as-tu souhaité partager ?
Quand mon éditrice, Marie Bazal, m’a contactée pour faire un livre sur l’astrologie, j’ai tout de suite ressenti le syndrome de l’imposteur ! Et puis je me suis dit : ce projet me fait peur, c’est très bon signe de croire ne pas être à la hauteur, ça pousse à évoluer. J’ai accepté le projet et j’ai écrit, en 9 mois, un Abécédaire de l’astrologie pour apprendre à lire sa carte du ciel.
Aujourd’hui, tu as un showroom et cabinet pour tes consultations !
Quelques personnes se déplacent au cabinet, mais j’habite en banlieue parisienne, la plupart de mes rendez-vous se font via Zoom ! C’était cependant important pour moi d’avoir un lieu dédié à ma pratique pour la séparer de ma maison, car je considère qu’une consultation astrologique s’approche d’une pratique thérapeutique. Le cabinet est surtout mon showroom, j’y expose mes œuvres. C’est une mini boutique ésotérique, vitrine de mon monde.
Tu as travaillé sur un projet avec Aurore, La Fille de l’Etoile…
Oui, nous sortons un jeu de cartes traditionnel au début de l’été ! Et en même temps, je travaille sur un oracle portant sur les constellations du ciel. Je vais parler de la symbolique des étoiles fixes autre que le soleil ! C’est un gros travail de recherche historique et mythologique !
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Son livre : S’initier à l’astrologie, de Pola von Grüt, éditions Larousse, 16,95€