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L’illustratrice Alice Wietzel : « J’ai envie de désexualiser les corps nus. »

L'illustratrice Alice Wietzel désexualiser les corps nus interview le prescripteur

Son univers ? Des femmes aux courbes matissiennes qui réinventent le mythe féminin. Son message ? Une nudité désexualisée qui rend hommage à la beauté de tous les corps. Alice Wietzel, jeune illustratrice parisienne, s’est prêtée avec joie au jeu de l’interview et en a profité pour faire passer quelques messages !

Alice Wietzel, à quand remonte ta passion pour le dessin ?

Je lisais et dessinais beaucoup quand j’étais petite. Ma grand-mère avait l’habitude de nous asseoir sur une table avec ma soeur et de nous laisser dessiner pendant des heures. Ma mère nous a poussées à faire des activités artistiques, j’ai fait de la poterie, ma soeur prenait des cours de peinture… Et j’adorais lire des BD, c’est ça qui m’a vraiment donné envie de dessiner.


Quels livres ont bercé ton enfance ?

Alice, de l’illustratrice anglaise Penny Dale, qui faisait des dessins hyper réalistes. Tu pouvais choisir chaque élément qu’Alice mettait dans son sac à dos, avec quel jouet elle allait s’amuser. Je lisais énormément de Martine aussi, avec ses tenues soignées des années 60. Les Madame Monsieur évidemment, et le livre Tempête de Claude Ponti, absolument terrifiant, que je lisais tout le temps quand j’étais petite. Je les ai tous gardés.

Quel a été ton parcours ?

Je ne me suis pas tout de suite lancée dans des études artistiques, par manque de confiance en moi je pense. Un jury m’avait dit à l’époque que mon style était immature, ça m’avait anéantie.

Alice Wietzel, Le Prescripteur

J’ai fait 1 an de prépa littéraire, ça ne m’a pas plus. J’ai ensuite fait 2 ans à la Sorbonne. Je gribouillais tout le temps sur mes cahiers. J’ai fini par retenter ma chance et j’ai intégré une école d’art.

C’est une erreur de croire que l’école va nous former de A à Z ! C’est plus un incubateur qui te donne un environnement dans lequel tu peux tester des choses et évoluer. 

Alice Wietzel, Le Prescripteur

Alice, quand on observe ton compte Instagram, on remarque que ton style a évolué…

La bascule s’est produite en Erasmus. Je me suis retrouvée toute seule avec mes dessins. J’ai pu expérimenter beaucoup de choses, m’inspirer sur les réseaux. J’ai découvert la risographie puis j’ai fait un stage dans un studio d’impression super inspirant. J’ai adoré, on m’a beaucoup encouragée. A l’époque, j’arrivais à créer mes personnages mais moins leur environnement. Travailler avec ce duo qui avait beaucoup de goût en matière d’aménagement d’espace et de déco m’a énormément guidée dans mon travail artistique. 

L'illustratrice Alice Wietzel désexualiser les corps nus interview le prescripteur

Quelles autres technique utilises-tu dans ton travail ?

La technique que je vais choisir dépend du projet que j’ai en tête. Si je dois rendre un livre rapidement, je ferai tout en digital. Si c’est une commande pour laquelle j’ai le champ libre, ce sera de la gouache. Si c’est une image que je veux vendre ou diffuser, ce sera forcément en riso. Je ne veux pas être mono-technique, j’ai besoin de jongler pour ne pas tomber dans la monotonie. 

Ton sujet de prédilection, ce sont les femmes. Pourquoi ?

Je pense que cela vient des lectures qui m’ont marquée et qui présentaient des personnages féminins. Quand on grandit, on a besoin de s’identifier à des modèles, or j’ai toujours trouvé qu’on ne nous en donne pas énormément. Les personnages sont souvent assez creux et stéréotypés.

Au début, je créais des personnages que j’allais habiller : il s’agissait davantage d’une recherche de style, je créais des tenues qui me plaisaient. Mon dessin a rapidement pris une tournure narrative : ces femmes sont devenues des héroïnes, des femmes que j’admire et qui me parlent.

Alice Wietzel, Le Prescripteur

Ces femmes sont souvent dessinées nues. Pourquoi ?  

Ma mère et ma grand-mère se promenaient nues dans la maison. J’ai grandi avec des tableaux de femmes nues accrochés aux murs de ma maison. C’est une image très naturelle pour moi.

Alice Wietzel, Le Prescripteur

Une femme nue, c’est beau. Dans mes dessins, je ne cherche pas la nudité pour la nudité, elle est simplement là, naturellement. Peut-être que par la nudité, je suis en train de créer mon mythe féminin…

L'illustratrice Alice Wietzel désexualiser les corps nus interview le prescripteur

On t’a reproché durant tes études de sexualiser les femmes…

Des profs provocateurs m’ont dit ça, oui. D’autres voyaient dans mes dessins le moyen de projeter leurs fantasmes. J’avais beaucoup de professeurs masculins… Ce n’est ni l’un ni l’autre.

J’ai envie de désexualiser les corps nus, de faire comprendre qu’un sein n’est pas forcément sexuel, qu’on peut se montrer torse nu.

Alice Wietzel, Le Prescripteur

Instagram est le bon réseau pour faire passer tes idées ?

Je ne sais pas. J’ai l’impression qu’Instagram fonctionne bien si le message est polémique ! (rires) Or moi je n’ai pas forcément envie de polémiquer et d’importuner les gens.


Ton propos est féministe. Quel sujet te tiendrait-il à coeur d’illustrer ?

Le jeunisme qui touche nos sociétés. Mais c’est compliqué pour moi d’illustrer des femmes âgées, techniquement c’est très difficile. Mais c’est une thématique qui me plait !

Suivez le travail d’Alice Wietzel sur Instagram.

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