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Louis Thomas, peintre du moment présent

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Louis Thomas est un de ces rares artistes dont la poésie innée a su toucher les muses au point de sembler ainsi nanti par elles de tous les dons. A la fois dessinateur, peintre, illustrateur et conteur pour enfants, ce nantais d’origine, passionné de voyages, est passé par les grands studios d’animation hollywoodiens comme Pixar, avant de revenir en France pour retrouver ses essentiels, donner enfin du temps au temps et se recentrer sur ses inspirations profondes. Grand admirateur de la peinture figurative et féministe d’Alice Neel, on l’a découvert peintre de nus d’influenceuses, mais ce n’est qu’une de ses très nombreuses facettes… Il nous raconte.

Louis Thomas, comment as-tu choisi cet atelier qui est aussi ta maison je crois ?

Espace, silence, lumière, j’ai besoin de ces trois éléments pour vivre, l’acharnement au travail et la chance ont fait le reste.

En consultant tes profils, portraits, on te découvre illustrateur, dessinateur, peintre, auteur pour enfants, professeur… et toi comment te définirais-tu ?

Je me définis comme un « type », (extrait d’une phrase d’un livre que j’aime.) J’ai du mal avec les définitions, les étiquettes et les simplifications hasardeuses. Je crois que la vie n’a encore jamais été expliquée par personne à ce jour, alors je me définis comme quelqu’un (?) qui fait ce qu’il peut avec ce qu’il a.

J’essaie depuis tout petit d’être libre, j’ai fui l’école, fui les horaires, la famille, les groupes, les obligations qui ne me conviennent pas. J’achète ma liberté par le dessin.

Louis thomas, pour le prescripteur

C’est grâce à lui que je me suis échappé, que j’ai reçu l’amour des autres et que je paie mes factures. C’est le moindre mal que j’ai trouvé depuis mon enfance pour supporter l’abstraction et souvent l’absurdité de la vie. 

Louis Thomas, peintre du moment présent le prescripteur marie masuyer peintre des influenceurs

Qu’est-ce qui lie toutes ces disciplines ?

Le dessin lie tout cela à priori, mais la recherche d’amour et d’admiration sans doute plus encore.

On est artiste pour être regardé sans se dévoiler il me semble.

Louis thomas, pour le prescripteur

On m’aimait grâce au dessin, ma mère sans doute, ma famille, mes petites amies, mes camarades de classe, mes maîtres et maîtresses…

La « chance » aussi sans aucun doute :  d’être né en France et de grandir dans les années 90 dans un milieu moyen, donc privilégié au regard d’autres pays et d’autres époques.

Quel a été ton cheminement pour arriver à cela ?

Un travail constant et heureux, en suivant mes rêves envers et contre tout.

Le dessin pour Pixar, ce doit être très formateur et à de nombreux égards ?

J’ai travaillé nuit et jour, peut-être 12 à 15h par jour depuis mes 14 ans jusqu’à rentrer à Pixar à 24 ans, sans jamais faire la fête, sans écarts ou presque.

Louis thomas, pour le prescripteur

Quand on est passionné on ne compte pas, on jouit de ce travail, comme si j’avais une mission, une vocation, c’était ma religion. Je voulais travailler comme créateur dans ce studio depuis petit. On me disait que c’était impossible, surtout pour un étranger ! Mais plus on me disait que c’était impossible, plus je pressentais que j’y arriverai.

Grâce à cela, j’ai trouvé la liberté que j’ai aujourd’hui, je n’ai jamais cherché de travail depuis, c’est un moment où l’on est dans la lumière et où il suffit de dire oui à tout.

Tes portraits de femmes, souvent nues, sont magnifiques ! Comment ont-ils commencé ?

J’ai fait plus de gens habillés ces 10 dernières années que de nus, mais les nus sont plus marquants en société.

Louis thomas, pour le prescripteur

J’ai commencé les cours de nu à 14 ans par chance dans ma ville en Bretagne. Une professeure qui me suivait depuis mes 7 ans à convaincu un prof de modèle vivant d’accepter ce jeune garçon pour des cours hebdomadaires. J’ai toujours continué les cours de nu (et aujourd’hui encore), par obsession d’acquérir la technique nécessaire pour travailler à Hollywood quand j’étais plus jeune. Puis comme un fantasme de peintre classique, de Caravage à David Hockney, le nu a toujours été une excuse pour travailler le dessin et pour voir l’interdit et l’intime. Je crois que je m’inscris dans ce flou artistique / historique / religieux plein de paradoxes… bien plus modestement bien entendu.

Quelles sont les particularités, peut-être les exigences de cette discipline du portrait ?

Cela dépend de ce que l’on entend ou de ce que l’on aime comme style de résultat je crois.

J’aime passer 5 heures au moins ou plusieurs jours avec mes modèles. C’est un passe-temps et un ego trip formidable d’une part, et le seul moyen selon mes goûts pour arriver à capter la personne et non son image.

Louis thomas, pour le prescripteur

L’exigence est constante, il n’y a presque pas de divagations, chaque coup de pinceau est là pour essayer de rater le moins possible, il n’y a pas d’exécution mais une constante attention.  

Pour moi Alice Neel est une des seules peintres à avoir réussi ce miracle, de capturer l’autre, son essence, sa posture, presque ses odeurs. J’espère y arriver un jour.

Un peu moins de portraits masculins, c’est un choix ?

J’ai peint environ 400 personnes, il y a sans doute entre un tiers et la moitié d’hommes je pense.  Il y a plusieurs choses : je pense que les gens dans notre culture sont davantage attirés par la représentation féminine. La vision de la nudité est différente aussi. Un homme en slip sera « habillé », une femme en t-shirt / culotte sera « à poil ». Les travers de notre société sont énormes sur ces sujets et assez fatigants mais fascinants, car ils ont une histoire. 

Il y a eu aussi une courte période où je ne peignais que des femmes de par mon hétérosexualité, toujours pour chercher l’amour.

Ce que j’ai compris de par ma timidité ou de par la distance que j’impose face à mes modèles durant cette période, c’est que l’on ne rencontre pas l’amour en peignant un nu, mais habillé à un dîner entre amis ou sur des applications de rencontres, caché derrière son téléphone.

Louis thomas, pour le prescripteur

Ce sont aussi souvent les femmes qui veulent passer des commandes de portraits. Les hommes hétéros sont très fermés et plein de préjugés et blocages. Il y a le cliché de la femme posant pour le photographe ou le peintre…

Parfois une peinture et une seule peut nous donner une réputation : j’ai peint une dizaine d’influenceuses, certaines sur commande de 2015 à 2023. J’entendais souvent « c’est le peintre des influenceuses », je te laisse faire le pourcentage de 10 personnes sur 400.

Louis thomas, pour le prescripteur

Qui vous commande ces portraits ?

Ici, c’est ma petite victoire personnelle d’artiste qui se prend pour un intellectuel : j’ai cru longtemps que je n’allais attirer qu’une tranche de la population bourgeoise parisienne qui s’offrirait les services d’un ménestrel le dimanche. Mais depuis que je suis submergé de commandes, je me rends compte que les profils sont incroyablement variés et cela me touche ! J’ai eu cette année par exemple, un couple de professeurs de Roubaix, des gens qui travaillent dans l’agroalimentaire, la téléphonie mobile, la pâtisserie, une marchande de fleurs, des couples ou gens seuls de Roumanie, de Porto Rico, Chine, Mexique, Suède, Etats-Unis et tant d’autres pays… 

Je crois que je suis dans la bonne direction en ce sens, que je ne fais pas de la décoration d’intérieur (ce qu’est majoritairement le milieu de l’art), mais que je peins des gens bien réels, avec leurs physiques, histoires et personnalités si différentes, que personne n’aurait envie d’accrocher cela chez soi, sauf les concernés.

Louis thomas, pour le prescripteur

C’est pour moi une définition personnelle de l’art : s’éloigner de la décoration d’intérieur !

Je crois que vous êtes un grand voyageur. Est-ce que cela fait partie de vos modes d’inspiration ?

Oui, le voyage est un moteur, je suis quelqu’un d’heureux de façon permanente en voyage. Tout m’émerveille, même les incidents de parcours. J’ai besoin de quitter ce confort que je n’avais pas prévu en grandissant, d’être avec un petit sac à dos et de dériver de pays en pays par le train. J’ai passé mon adolescence à fréquenter les marginaux de ma ville en Bretagne. Et mon père était marin pêcheur dans l’océan indien, peut-être ceci explique cela ? 

Vos prochains projets ? 

Je pars en voyage pour environ 16 mois, entre errances et travail dans différents pays. Je voyage en train et bateau le plus souvent, donc avec lenteur.

J’aime les divagations et contemplations, je crois que l’absence de sens de cette vie m’y oblige, avec bonheur souvent.

Louis thomas, pour le prescripteur

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