La Graine, c’est la quête du meilleur sperme de Belgique entreprise par un couple lesbien (Marie Papillon et Stacy Martin ) et un directeur de clinique (François Damiens) embarqués dans un parcours de PMA chaotique. Réalisé par Eloïse Lang (Connasse, c’est elle), cette comédie militante est avant tout un coup de gueule politique et un appel au don de sperme. Rencontre avec Marie Papillon.
Marie, comment t’es-tu retrouvée avec le scénario de « La Graine » entre les mains ?
C’est Eloïse Lang et Pauline Mauroux qui ont demandé à mon agent Elise Fécan, si je pouvais lire le scénario ! A sa lecture, j’ai dit « Whaou, je veux trop le faire ! ».
Pour une fois, je pouvais m’identifier dans un film : c’est très bien écrit, la représentation des lesbiennes est très juste, on n’est pas du tout dans le cliché.
Marie Papillon pour Le Prescripteur
Et puis plein de détails m’ont rappelé ma propre expérience : par exemple, au tout début, lorsque Stacy débarque dans un bar lesbien pour la première fois accompagnée de son cousin hétéro, et que toutes les lesbiennes le dévisagent… On connait toutes ça la première fois qu’on rentre dans un bar gay. Ou encore ce que dit la barman quand elle explique que les lesbiennes vont mettre une éternité à faire le premier pas, mais dans 2 jours elles habitent ensemble, prennent un chien… ! C’est si juste ! Tous ces détails du scénario m’ont touchée, ça m’a rappelé ma jeunesse quand j’ai débarqué à Paris, que j’ai vécu ma première gay pride. J’avais vraiment envie de représenter cette communauté dans le film d’Elise.
Dans La Graine, tu incarnes donc un couple lesbien qui vit un parcours de PMA (Procréation Médicalement Assistée) avec Stacy Martin, mais ce n’est absolument pas un sujet dans le film : vous auriez complètement pu être un couple hétéro !
Oui, et c’est ce que j’ai particulièrement apprécié. C’est complètement normal qu’elles soient ensemble dans le film, ça n’est pas le sujet. Quand j’étais jeune, il n’y avait pas de comédie avec un couple lesbien, j’avais très peu de supports culturels grand public auxquels m’identifier.
J’aurais adoré voir un film comme celui-ci plus jeune, et je suis d’autant plus fière de défendre ce genre de projet aujoud’hui.
Marie Papillon pour Le Prescripteur
Cette comédie est surtout politique et militante, comment l’as-tu ressenti ?
Il y a, dans ce film, un bel équilibre entre la comédie et l’émotion… Eloïse parle d’un processus douloureux avec bienveillance et légèreté. Et surtout, même si ce film n’est pas un drame, son sujet est dramatique : c’est effarant d’avoir mis autant de temps à adopter une loi qui permet aux lesbiennes d’avoir un projet d’enfant sans devoir partir à l’étranger. Et encore, sur 23 000 demandes en France, en deux ans ne sont nés que 23 enfants. Il y a très peu de dons d’ovocytes et de sperme, et la demande est énorme. C’est pourquoi la Belgique et l’Espagne restent des destinations prisées pour les couples homosexuels.
Ce que dénonce le film, c’est un système absurde, onéreux et tue-l’amour. Que des boucles lesbiens, fauchés par les PMA, se retrouvent sur des forums de dons de sperme, est une réalité complètement dingue !
Marie Papillon pour Le Prescripteur
Tu penses, à titre personnel, à faire un don d’ovules ?
Bien sûr, je me suis déjà posée la question du don d’ovules. C’est un vrai sujet car il y a en a très peu en France, mais il faut aussi questionner la législation : si on fait un don aujourd’hui en France, l’enfant qui naîtra grâce à ce don peut demander, à sa majorité, l’identité du donneur… ça n’est pas une démarche anodine.
C’est quoi de tourner avec François Damiens ?
Il me fait mourir de rire : François est hyper professionnel, très drôle, très touchant et c’est super agréable de travailler avec lui. En revanche, quand il part en impro’, c’est très difficile de ne pas rire ! J’ai aussi adoré jouer aux côtés de Stacy Martin, grande actrice, et d’être dirigée par Eloïse Fang : c’est ma réalisatrice préférée, je m’identifie beaucoup à elle.
As-tu un souvenir de tournage qui t’a particulièrement marquée ?
Quand on se fait courser par les chiens dans la propriété de Baudouin… Et aussi la scène où je me retrouve avec une mèche de cheveux collée sur le torse humide d’un étudiant. Mais je pense que mon meilleur souvenir de tournage, ce sont toutes les scènes en voiture : j’adore le côté Thelma et Louise…
La Graine, disponible sur Amazon Prime Vidéo le 3 mai 2023.