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Nouvelle érotique de Fabien Muller – Identification inconnue, chapitre 5

Chaque année, Le Prescripteur vous donne rendez-vous pour une lecture coquine à dévorer sous le parasol, sous vos draps ou à l’abri d’un arbre. Cette année, Fabien Muller revient avec une nouvelle érotique… de science fiction !! 5 chapitres en tout révélés un par un chaque samedi du mois d’août. Découvrez aujourd’hui le dernier chapitre...

Pour celles qui auraient manqué les chapitres précédents :

Chapitre 5

Illustration @hilairebaud

Luc était revenu dans les quartiers bas. Le soleil venait de se coucher et il avait quelques difficultés à se repérer. Après quelques demi-tours et plusieurs arrêts intempestifs, Luc décida qu’il était définitivement paumé.

Tout à coup, des gouttes tombèrent sur le visage de Luc qui leva les yeux, surpris. Il observa les environs, mais rien. Il s’aperçut alors que les gouttes tombaient partout de manière uniforme, indistinctement.

De la pluie.

L’eau était fraîche et dégageait une odeur étrange que Luc n’aurait su analyser. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été témoin d’un phénomène naturel de ce type. Il en avait déjà vu en voyage il y a bien longtemps, mais rares étaient les endroits où il se rendait dont les autorités ne contrôlaient pas le climat.

La pluie cessa au bout de quelques instants. L’eau avait cependant rendu le sol luisant et quelques flaques étaient apparues de ci de là. Luc comprit tout de suite que celles-ci s’étaient créées à l’endroit où des personnes avaient foulé la terre battue de leurs pieds. On voyait ainsi les trajectoires qui avaient été suivies. Il remarqua alors que plusieurs traces menaient à un endroit du mur qui était juste en face de lui.

Il s’approcha du mur et, après une rapide inspection, détecta une porte mécanique qu’il n’avait pas vue avant.

*

– C’est étrange la couleur du ciel, non ? dit Lune rêveusement.

Elle regarda Eléonore, sa meilleure amie, qui avait mis une robe noire légère et moulante d’un style ancien, comme si elle avait décidé de sortir ce soir. Mais non, elle était juste là, chez Lune, à boire une coupe de Prosecco.

A cet instant précis quelques gouttes de pluie se mirent à tomber ce qui fit sursauter Eléonore. Elle semblait apeurée et se frotta les bras, frissonnante.

Lune s’approcha d’elle, lui prit la main et lui caressa les bras nus afin de la rassurer.

– De la pluie, dit-elle simplement.

– De la pluie… répondit Eléonore qui serra la main tendue et lui sourit en retour.

Lune demanda via la commande vocale à augmenter le son de la musique qui se diffusait en sourdine dans le salon un air de lounge music. Les basses se mirent à pulser sur la terrasse et Lune fit tourner son amie en s’aidant de sa main qu’elle tenait toujours dans la sienne. Eléonore se laissa faire et suivit le rythme impulsé par Lune. Elle tourna sur elle-même en se déhanchant subtilement et tout en lui souriant. La pluie commençait à modifier la texture de sa robe moulante et à adhérer un peu plus à sa peau, dessinant ses fesses et révélant la pointe dure de ses seins. Eleonore vit le regard hypnotisé de son amie sur sa poitrine et se rapprocha un peu plus d’elle.

Les deux femmes, désormais collées l’une contre l’autre, ne faisaient plus qu’une et ondulaient en cadence, dans un corps-à-corps sensuel et humide. Lune posa sa main libre sur les fesses de sa partenaire de danse et commença à la caresser doucement, tandis que celle-ci tourna son visage vers elle et lui offrit sa bouche. Lune glissa sa langue en elle. Son corps s’électrisa immédiatement et elle sentit son sexe réagir immédiatement, comme s’il était appelé par un désir irrépressible. Elles continuèrent à se déhancher quelques minutes, puis Lune prit Eléonore de nouveau par la main et l’emmena dans le salon. Celle-ci se laissa faire, docile et enleva ses chaussures tout en suivant Lune.

Lune s’assit sur l’immense canapé flottant. Eléonore lui fit face, pieds nus et trempée. Sa robe lui faisait comme une seconde peau.

Lune fit glisser le haut de la robe, révélant une poitrine sculptée et aux pointes dressées fièrement. Elle commença à sucer le bout des seins d’Eléonore, tandis que celles-ci se cambra en arrière, glissant ses deux mains dans la chevelure de Lune en grognant de plaisir.
Eléonore prit la main de Lune et la dirigea vers son sexe. Lune posa délicatement ses doigts sur sa cuisse droite, puis tout en continuant à lécher la poitrine généreuse et dure d’Eléonore, elle avança millimètre par millimètre afin de s’approcher de sa culotte. Elle sentait la cuisse de son amie qui ne parvenait pas à réprimer des tremblements de plaisir. Une fois la petite barrière d’étoffe légère atteinte, elle entreprit d’effleurer son sexe de gauche à droite, tout doucement. Eléonore tremblait de plus en plus, rongée par le désir, quasi incapable de tenir debout. Cependant, elle tentait de rester droit, de subir chacun des assauts de son envie d’être dévorée là, sur ce canapé, ou même par terre. Puis, incapable de tenir plus longtemps, elle écarta ses cuisses plus nettement. Lune profita de ce signal et écarta à peine le tissu, puis frôla le clitoris de sa partenaire d’un soir. Eléonore sentit la main chaude et douce sur l’intérieur de sa cuisse et poussa un léger cri étouffé lorsque l’index de Lune pénétra en elle. Elle le fit ressortir immédiatement et fouilla un peu, titillant les sens de son amie. Eléonore était attentive au moindre mouvement, malgré les tremblements qui la surprenaient elle-même et s’étaient emparés de tout le bas de son corps.


Lune abandonna alors la poitrine d’Eléonore, écarta les lèvres trempées avec son majeur et son pouce, fit pénétrer de nouveau son index à l’intérieur de son sexe offert et se mit à lui sucer le clitoris. A peine avait-elle commencé qu’Eléonore sentit l’orgasme monter en elle, inarrêtable. Lune continua à la sucer jusqu’à ce qu’elle sentît la jouissance de son amie imminente, elle retira alors son index de son sexe trempé et la fit jouir en la pénétrant de sa langue.

Eléonore s’écroula sur elle et le canapé, le sexe rassasié sur la bouche de Lune. Elle haleta de longues minutes avant de reprendre complètement son souffle. Lune était toujours sous elle, la caressant langoureusement.

Une fois que les spasmes se furent totalement arrêtés au niveau de son ventre, elle renversa Lune et entreprit de s’occuper d’elle à son tour.

Lune se laissa totalement aller, se rappelant que cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus goûté ces plaisirs-là. Cependant, la séance avec le morphe avait réveillé des sensations oubliées. Elle revit la scène quelques instants, puis oublia tout sous les coups de langue experts d’Eléonore.

*

Luc entendit un bruit à quelques mètres de lui sur sa gauche. Il se colla alors contre le mur, dans une sorte de renfoncement, quasiment invisible à un passant qui ne prêterait pas suffisamment attention.

Une personne arriva, sans tourner la tête dans sa direction, et glissa une clef physique dans la porte (il avait déjà vu des ustensiles de ce type qui servaient à verrouiller des systèmes de coffre mais n’en avait jamais vu être utilisé sur une porte). La porte s’ouvrit en pivotant, puis un silence accompagna l’homme à l’intérieur. Luc hésita une demi-seconde, puis se glissa à l’intérieur.

Au bout de quelques mètres, il se retrouva dans un vaste hangar à l’atmosphère poisseuse et sombre. Seuls quelques lampes suspendues et à l’éclairage chiche offrait un peu de visibilité et faisaient baigner la pièce dans un halo pâle où l’on voyait des particules de poussière en suspension, comme piégées par le silence et l’absence de mouvement.

Luc resta figé quelques instants, peu sûr de l’attitude à adopter dans cet endroit inconnu. Conscient qu’il ne pouvait plus vraiment reculer avant d’avoir été au bout de sa quête, il se mit à mettre un pied devant l’autre, scrutant le moindre recoin.

Il se figea au bout de cinq mètres. En effet, le long du mur à sa gauche, plusieurs matelas crasseux étaient posés à même le sol. Dessus, des enfants assoupis. Sur un même matelas pas plus large qu’un lit double d’adulte s’amassaient quatre enfants. Luc recula instinctivement de plusieurs centimètres sans un bruit. Il partit dans la direction opposée mais tomba assez vite sur d’autres enfants. Une multitude d’enfants. Sur des matelas immondes. C’est là que Luc remarqua que le sol dur sur lequel il marchait depuis plusieurs mètres était en fait de la terre.

Tout le monde était immobile et semblait dormir. Il continua à avancer, le hangar s’étendait à perte de vue. Tout à coup, il arriva à un îlot central où il découvrit une fontaine avec un bassin empli d’eau qui croupissait. A côté se tenaient des douches de couleur rouille.
Luc n’arrivait pas à se faire à l’idée mais il était dans un camping. Ou une prison. Une prison remplie d’enfants sales et apparemment mal en point.
Mal en point. Cette révélation le heurta.

Anthony. Il devait forcément être ici, parmi ces grappes d’humains abandonnés à leur triste sort.

Il commença à noter quelques mouvements çà et là. Une onde d’étonnement ou de désapprobation gagna les rangs de cette communauté. Des visages se tournèrent. Las et crasseux, maigres, absents, de la résignation au fond de leurs pupilles sans vie.

Il se mit alors à reculer, dans la direction qu’il imaginait être celle de la sortie, tout en continuant à tourner la tête à gauche et à droite, afin d’emmagasiner un maximum d’informations.

Et puis il le vit.
Anthony.
Il était là à quelques pas.
Il s’approcha de lui, puis le prit par le bras.
L’enfant n’essaya pas de s’enfuir. Ne se débattit pas. Il se tenait droit, fier et un air provocateur au coin des lèvres.

– Comment tu t’appelles ? réussit-il à articuler, sous le choc.

Il reçut un crachat en pleine figure comme seule réponse. Il le maintint plus fermement et plaça ses doigts derrière le cou de l’enfant, qui se débattit encore et réussit à se dégager.
Luc n’essaya pas de le rattraper, car il avait découvert ce qu’il souhaitait savoir. Lorsqu’il avait mis son index à la base de son cou, il avait pu constater une chose qu’il croyait impossible : l’enfant n’était pas pucé.
L’explication était limpide. Terrifiante.
Non répertorié. Hors système. Hors recensement.
Reproductible.

*

Luc se balançait d’avant en arrière devant sa porte. Il n’osait pas entrer chez lui. Une bouteille de whisky pendait à sa main.
Il devait écrire. Il sentait que c’était la chose à faire : continuer cette histoire faite de blancs, d’ellipses et d’énigmes insolubles.
Il pénétra finalement dans l’appartement. Entendant des voix, il tituba jusqu’à l’angle de la pièce principale, hors du champ de vision de celle qui partageait sa vie et de sa meilleure amie. Il s’affala contre le carrelage en silence, invisible.…

– Est-ce que tu es sûre que c’est une bonne idée ? Est-ce que c’est ce que tu veux vraiment ? questionna Eléonore.

– Comment ça ?

– T’as vraiment envie de vivre ça avec Luc ? plaisanta-t-elle sans conviction.

Le bruit mat du crâne de Luc heurtant le marbre du bar les interrompit. Le choc à la tête le réveilla. Les deux femmes s’approchèrent, Eléonore prit un air dégoûté à la vision de Luc. Celui-ci tentait de se redresser. Des bribes de la conversation passée se battaient aux portes de sa conscience, en désordre.

– Elénore… B’jour, réussit-il à articuler péniblement.

Il sentait son hostilité même à travers le rideau éthylique. Elle s’éclipsa sans un mot, laissant traîner derrière elle une paire de regards gênés.
Il se releva et vint s’enfoncer dans le sofa en suspension.
C’est alors qu’il vit la brochure physique à contenu dynamique pour la recherche locale de partenaires sexuels qu’Eléonore avait abandonnée sur la table en bois sombre.
Il reconnut immédiatement le logo pour avoir été adhérent à ce club pendant de nombreuses années au tout début de son traitement par thérapie génique. C’était idéal pour changer de compagnon.

– C’est donc de ça dont elle te parlait ?

– Tu… tu nous espionnais ?

– Ne sois pas ridicule voyons… Tu en as assez de moi ?

– Mais non… pourquoi dis-tu ça ? dit Lune, tandis que quelques larmes tentaient de trouver la sortie de son système lacrymal.

Ses idées se mélangeaient allègrement. Il n’arrivait pas à faire le point. Son canal de connexion à la réalité était rompu.
Tentant de maîtriser la colère sourde qui grondait en lui, il s’écarta de Lune. Il s’approcha d’une étagère flottante et saisit machinalement son vieux combiné de collection. Il le serra de toutes ses forces. L’antique téléphone explosa en plusieurs morceaux.
Tout à coup tout se figea. La luminosité de la pièce devint intense. Luc était incapable de remuer le moindre orteil. Lune le regarda, extatique.
Une voix retentit dans l’appartement, situé au 412ème étage de la tour Signal-12.

– Monsieur Luc Venance, matricule X-12-Y05, vous êtes accusé et condamné à 6 mois, dont 4 avec sursis pour infraction à la législation sur le sexe. Avez-vous quelque chose à déclarer avant l’application de la peine ?

– Euh… non…

Luc se mit à paniquer. Il n’arrivait pas à trier les informations mais une chose était sûre : si les autorités se mettaient à fouiller, elles s’intéresseraient forcément à ses déplacements et au reste.
Lune, quant à elle, réfléchissait à toute vitesse. Elle eut l’intuition que tout venait de la confidence qu’elle avait faite à sa mère. Sa mère avait dû parler à 56, se dit-elle.
Toutes les caméras microscopiques de l’appartement étaient désormais pointées vers le contrevenant, immobilisé et en légère suspension au-dessus du sol, prisonnier d’un puissant champ de force. Un bras articulé sortit du faux plafond et une seringue vint se ficher dans l’avant-bras de Luc.

– Nous procédons à l’injection de Propynoldol-X. Ce produit vous contraindra à l’abstinence pendant le temps de votre condamnation. Vous serez libéré dans 30 secondes. 29… 28… 27… 26…

Le chronomètre arriva à la fin du compte à rebours et Luc s’écroula sur le sol.
Il se mit à trembler et grimacer, immobilisé. Lune courut jusqu’à la chambre, accéda à une étagère dans le mur virtuel et en sortit un grand drap blanc.
Elle le recouvrit du léger tissu et lui caressa le dos délicatement.
Lune se posa alors contre lui, fermant les yeux afin d’échapper autant que possible à cette scène surréaliste.

*

Luc était allongé dans leur immense lit. Il sentit une présence et ouvrit les yeux. Lune était contre lui, nue et sensiblement frissonnante.
Elle était sujette à des pensées contradictoires. Elle en voulait à sa mère. Elle en voulait à Luc, aussi, sans aucune raison.
Luc, quant à lui, refit le film des derniers jours. La situation aurait pu prêter à rire s’il n’était submergé par une lourde sensation de vide et de lassitude. Il était sans doute temps de faire valoir son droit à quelques vacances bien méritées. De se mettre à l’écart. Tout le monde le faisait. Pourquoi pas lui ?
Plusieurs de ses amis avaient, en effet, fait appel à un clone récemment. Aucun n’avait eu à s’en plaindre et certains ne l’avaient même révélé à Luc qu’après être revenus de leur période d’exil. Il ne s’était rendu compte de rien.
Il se demanda si Lune s’en apercevrait. Si elle ferait l’amour à son clone. Cette pensée ne le dérangea pas le moins du monde.

*

Luc s’assit dans le salon ovale de la clinique de clonage de la section 6. Il se mit à ruminer, ressassant toutes les bonnes raisons qu’il avait à venir ici.
Le clonage était la solution dans l’immédiat. Il pourrait s’écarter, réfléchir, écrire en secret, pourquoi pas.

– Bonjour Luc.

Luc sursauta, il n’avait pas vu le vieil homme qui s’approchait. Il était vêtu d’une simple blouse blanche. Il avait une barbe grisonnante et de petites lunettes cerclées d’argent. Ses cheveux étaient parsemés de touches de gris, comme un peu d’écume sur une mer sombre. C’est la première fois qu’il voyait une barbe grise en vrai et un homme qui n’utilisait pas d’implant capillaire quand cela semblait nécessaire. Il ne se souvenait pas non plus avoir déjà vu des lunettes ailleurs que dans des vieux films d’avant la révolution génétique. En outre, cet homme qui le dévisageait était le plus vieil être humain – au sens de l’âge naturel – qu’il eût jamais vu. Il l’avait appelé par son prénom, le système d’ouverture automatique des portes avait dû l’identifier.

– Bonjour… on se connaît ?

– Oui… si on veut.

– Je suis venu pour… me renseigner sur le clonage.

– Je sais pourquoi vous êtes là.

– Ah ?

– En général, les gens qui viennent ici ne sont pas là pour acheter un nouveau turbopropulseur.

Luc sourit machinalement même si cette discussion lui paraissait bien étrange. Pour le moment, il souhaitait simplement en savoir plus.

– Comment cela fonctionne-t-il ? demanda-t-il.

– Eh bien, dès lors que nous sommes sûrs que c’est bien ce que le citoyen souhaite, il lui suffit de nous donner les garanties nous permettant de nous assurer qu’il se tiendra à l’écart de sa vie et nous procédons au clonage. C’est très rapide… et surtout sans douleur.

– Ah… d’accord. Je dois revenir avec des papiers ? J’irai chez ma mère pendant les 18 mois en fait… il faut que…

– Veuillez me suivre, Luc.

Il suivit le vieil homme à travers un dédale de couloirs plus blancs les uns que les autres aboutissant dans un petit bureau simplement décoré d’une table, d’une chaise et d’un siège inclinable. Les meubles utilisés dans cette pièce n’étaient pas du tout modernes. Ils donnaient l’impression d’être dans un musée. Un petit drap blanc était plié sur le siège inclinable.
Ne sachant pas où s’installer, et vaguement troublé par la vision de ce drap blanc qui hantait ses rêves depuis plusieurs mois, Luc resta debout tandis que le vieil homme s’assit derrière le bureau.

– Ce serait pour assez vite en fait, dit-il, ne sachant pas s’il devait combler le silence pesant qui avait envahi la pièce.

– Installez-vous.

Luc ne comprenait pas très bien, il regarda le siège qui était déjà incliné. Il s’allongea dessus et se sentit immédiatement très las. Il mit ça sur le traitement administré par la Police du sexe.Je ne sais pas ce qui m’arrive, j’ai envie de dormir.

– Cela ne va pas durer longtemps, lui répondit le vieil homme d’une voix traînante et douce.

– Attendez, je ne vous ai pas donné les garanties…

– Cela ne sera pas nécessaire dans votre cas.

– Comment cela ?

Luc commençait à s’affoler, il n’avait rien prévu du tout, il n’avait aucune idée de la procédure, tout cela allait bien trop vite pour lui.

– Vous ne pouvez pas être cloné, Luc.

– Pardon ?!

– Vous êtes déjà un clone.

Tout se bouscula dans l’esprit de Luc, mais il était comme paralysé, incapable du moindre mouvement. Et si las.

– Je ne comprends pas… mais…

Puis, la révélation de l’homme en blouse blanche le pénétra soudain au plus profond de lui-même. Une seule question la taraudait désormais.

– Il me reste combien de temps, docteur ?

– Le fait que vous reveniez chez nous indique que le programme de retour s’est enclenché normalement.

– C’est-à-dire… ?

– Votre temps est écoulé.

Soudain, tout devint clair. Le carnet, les recherches. Ce n’était pas lui qui les avait faites. C’était l’autre. S’il ne l’avait pas en mémoire, c’est qu’il se l’était sans doute effacée afin d’être sûr que personne n’y accéderait, pas même lui. Son clone.
Le visage d’Anthony fut la dernière image qui s’imprima dans son esprit avant que le noir ne se fasse.
Et le vieil homme dont le prénom était Victor, déplia le petit drap blanc puis recouvrit ce qui, pour 18 mois, avait été Luc.

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