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Nouvelle érotique « La cambrioleuse délicate » de Fabien Muller – Chapitre 1

Vous l’attendiez, elle est de retour : la nouvelle érotique de l’été à dévorer sous le parasol, sous vos draps ou à l’abri d’un arbre… que vous soyez en vacances ou au bureau ! Cette année encore, l’auteur Fabien Muller (qu’on adore) revient avec une nouvelle exclusive en 7 chapitres ultra courts écrite spécialement pour vous . Prête à découvrir « La cambrioleuse délicate » ?

Chapitre 1

Illustrations @pimentmartin

On lit tous les jours dans la presse des histoires de gens se réveillant d’un accident quelconque avec une capacité nouvelle et extraordinaire : parler le suédois sans avoir l’air ridicule, ouvrir un sachet de gruyère en n’émettant aucun juron ou encore réaliser des sculptures en pomme de terre avec une seule main.

Pour ma part, la tentation était forte de tomber dans le coma dans l’optique de bénéficier des bonnes grâces du hasard cosmique car je n’étais pas doué en grand-chose. C’est pourquoi je m’appliquais à conduire horriblement, au grand dam de mon assurance. On ne sait jamais ce qui peut mal se produire – même lorsque l’on tente d’irriter le destin –, il me semblait donc opportun d’être prêt à tout. Parfois, le hasard a un plan.  

Le succès de cette entreprise était cependant limité (soyons honnête) et je ne pouvais guère plus comptabiliser au nombre de mes capacités exceptionnelles qu’un odorat développé et un sens de l’observation un peu au-dessus de la moyenne – ce qui, entre vous et moi, aurait pu faire de ma pomme un cochon truffier assez remarquable. Rien ne me permettant finalement d’échapper à la platitude d’une vie sans saveur, moi qui ne rêvais que de voyages lointains. Des voyages vers une contrée oubliée au nom exotique, et qui possèderait l’odeur inhabituelle d’une existence qui n’est pas la mienne. L’herbe est plus verte ailleurs, entend-on fréquemment, et, en ce qui me concerne, j’étais à peu près certain que c’était vrai.

Mon ordinaire m’ennuyait et depuis quelque temps, pour une raison inconnue, je dérivais. Les berges de mon train-train par trop quotidien ne m’apparaissaient pas plus attrayantes qu’une vie de préposé au comptage des manifestants. 

Dieu merci, il restait le samedi soir et ses promesses. Celles d’un épisode imprévu : la maladresse d’une inconnue qui vous tache une chemise trop blanche d’un peu de vin renversé, le hasard d’un taxi qui vous dépose près d’un inattendu, un regard hésitant et trop appuyé qui dévie la courbe de la parfaite atonie d’un encéphalogramme plat. La vie qui dérape. L’existence qui déraille. La ligne qui se courbe.

J’avais sans doute trop regardé « After hours » de Martin Scorsese étant adolescent, cependant… que dire ? Je l’avoue : je croyais au pouvoir de ces fins de semaine qui s’échappent, ces tentations maladroites d’un ailleurs, même si au final, il est vrai, les soirées qui s’éternisent s’écrasaient assez régulièrement et sans un bruit sur le mur des coïncidences vaincues.

***

C’était donc un samedi soir que cette histoire débuta – un parmi tant d’autres. Il n’avait rien de particulier et je décidai donc de le vivre dans une parfaite indifférence. Une sortie en boîte de nuit me paraissait tout à fait opportune pour me fondre dans la masse des anonymes.

Le cyclope. Je n’étais jamais entré dans ce lieu interlope, où se déroulaient, soi-disant, des soirées de débauche accessibles uniquement par cooptation. L’espace où je me trouvais semblait pourtant tout ce qu’il y a de plus banal. Il n’était pas une heure du matin et l’endroit grouillait de jeunes adultes issus de la bourgeoisie locale. Les femmes étaient d’une sophistication presque suspecte à mes yeux. Ce n’était pas ici que je trouverais mon bonheur, me disais-je lorsque je la vis. Ou plutôt c’est elle qui me vit.

La barmaid tenait un shaker et le secouait énergiquement – ce sont des choses qui arrivent parfois aux shakers –, ses bras nus exhibaient de lourds tatouages tribaux. Le tout était hypnotique. Il faisait trop sombre pour que je distingue ses yeux et pourtant j’étais empli de la certitude qu’elle me fixait. Je me sentis dès lors incapable du moindre mouvement, prisonnier d’un champ de force provenant manifestement de ces pupilles inaccessibles.

Je réussis cependant, par la grâce d’un sortilège puissant, à mettre un pied devant l’autre et à m’approcher du bar où elle officiait. Dès lors, tout mon environnement me paraissait déconnecté de la scène que je vivais.

Elle versa le liquide qui se trouvait dans le shaker au fond d’un verre, ajouta un peu de glace pilée et une paille en carton.

– Offert par la maison, m’annonça-t-elle.

J’aperçus enfin son regard. Elle avait mis des lentilles type « yeux de chat ». C’était étrange, un poil angoissant et excitant à la fois.

– Il y a un ingrédient secret, ajouta-t-elle en me faisant un clin d’œil. 

Je sentis mon sexe durcir dans mon pantalon.

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Le chapitre 2 est disponible ici !

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