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Nouvelle érotique « La cambrioleuse délicate » de Fabien Muller – Chapitre 3

Vous l’attendiez, elle est de retour : la nouvelle érotique de l’été à dévorer sous le parasol, sous vos draps ou à l’abri d’un arbre… que vous soyez en vacances ou au bureau ! Cette année encore, l’auteur Fabien Muller (qu’on adore) revient avec une nouvelle exclusive en 7 chapitres ultra courts écrite spécialement pour vous . Prête à découvrir « La cambrioleuse délicate » ?

Pour celles qui auraient manqué les premiers chapitres…

Chapitre 1 – à lire ici

Chapitre 2 – à lire ici

Chapitre 3

Illustrations @pimentmartin

Le week-end suivant, après un enchaînement de journées par trop similaires, je me présentai de nouveau devant la boîte de nuit.

La sensation d’être dans un épisode de la 4ème dimension me saisit à la gorge lorsque je fus accueilli par une devanture barrée par de larges panneaux de bois et une pancarte indiquant que l’endroit était fermé pour raisons sanitaires.

Encore une incompréhension entre moi et le destin : l’histoire de ma vie.

Je rentrai à pied, dépité, en empruntant d’improbables sentiers, afin de faire perdurer quelque temps le plaisir clandestin d’avoir quelque chose à faire en ce nouveau samedi soir. J’avais l’impression d’avoir été expulsé d’un début de vie souterraine et que je me retrouvais de nouveau exposé, en pleine lumière. 

A quelques mètres de mon appartement, je fis le tour du pâté de maison, mon envie de rejoindre le cocon protecteur de mon « chez moi » étant relativement limitée.

Pourtant ce soir-là, quelque chose dérapa de nouveau.

Mes facultés sensorielles extraordinaires (aheum) m’indiquèrent que quelque chose clochait. En regardant la porte, en effet, il y avait un énorme trou là où créchait jadis une serrure, et des éclats de bois jonchaient le sol à trois mètres à la ronde. 

C’était la deuxième fois cette année. Je ne vous ai pas menti lorsque je disais que les samedis soir n’étaient pas toujours très brillants.

Je poussai ce qu’il restait de la battante et pénétrai dans mon appartement désormais confortablement aéré.

Étrangement, tout semblait en place. Autant le sas d’entrée était une imitation plutôt réussie de la nouvelle Nouvelle-Orléans après le passage de Katrina, autant l’appartement m’apparaissait comme n’avoir été le témoin d’aucune scène de violence récente. 

C’était même pire – ou mieux, c’est selon – que ça puisque j’aperçus alors les boîtes de pizza vides et empilées. Le mot « rangé » m’apparut subitement comme approprié, moi qui n’avais jamais eu d’affinité particulière avec les ustensiles ménagers. 

Une douce odeur d’amande flottait. Entêtante. Obsédante. Pas exactement la même odeur que celle du samedi précédent, mais s’en approchant délicieusement.

La coïncidence était troublante.

Si j’avais eu une femme de ménage, je me serais sans doute interrogé quelques secondes sur le fait qu’elle avait, semblait-il, oublié ses clefs, puis je me serais interrogé sur sa technique rudimentaire d’ouverture de porte. Cependant ce n’était pas le cas : je n’avais pas de personnel de maison. Pour tout dire, j’aimais mal faire les choses tout seul.

Le dernier choc me fut asséné lorsque je constatai que les bouteilles usagées de bière mexicaine (celle avec un soupçon de tequila) avaient été soigneusement lavées (quelles personnes font ce genre de choses ? Quelle est leur mission sur Terre ? Trient-ils leur courrier par ordre chronologique ? Font-ils leurs comptes ? Ont-ils un abonnement à Amazon Prime ?).

Je m’endormis sans autre forme de procès, en laissant mon appartement aux quatre vents.

***

Le lendemain, je ne touchai à rien de ce qui constituait mon lieu de vie, non par crainte de perturber une si étale perfection dans l’agencement de mes meubles, mais bien pour éviter d’évacuer l’odeur qui s’avérait quasiment encastrée dans les murs. De plus, en ne réparant pas ma porte, j’étais baigné à chaque retour chez moi de la fragile sensation qu’une voleuse m’y attendait peut-être. Je perpétuais en quelque sorte l’esprit du samedi et le faisais s’étaler sur toute la semaine. Je sentais que son potentiel ne demandait qu’à s’exprimer.

Pourquoi diable pensais-je qu’il s’agissait d’une voleuse (et non d’un vulgaire voleur) ? Grâce à cette formidable invention humaine, formidable ordinateur quasiment quantique et qui traite et analyse à la vitesse de l’éclair un nombre incalculable de données pour dévoiler subitement sa sentence dans sa forme la plus pure : l’intuition.

L’idée saugrenue me vint aussi de sortir plus fréquemment de mon appartement, afin d’humer l’air extérieur, en quête de stimuli approchant celui qui absorbait mes sens.

Plus l’odeur de mon appartement reprenait son asymptote olfactive habituelle et plus mes balades s’éternisaient. Je repoussais les limites géographiques de ma vie et je me reconnectais à une certaine forme de réalité, en harmonie avec le réveil de mes narines. J’étais en quête d’un(e) autre, bien que je ne fusse pas exactement certain de sa constitution. 

Il faut dire que l’avant-dernier cambriolage – mon appartement n’en étant pas à son coup d’essai si vous avez bien suivi – avait été le fait de rustres du banditisme, tandis que cette femme – c’en était une, j’en avais désormais la conviction – était gracieusement entrée dans mon espace vital. C’était un changement notable et l’idée, que dis-je la perspective, d’en savoir plus sur cette cambrioleuse me ravissait.

Envie de lire la suite ?

Le Chapitre 4 est disponible ici !

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