Vous l’attendiez, elle est de retour : la nouvelle érotique de l’été à dévorer sous le parasol, sous vos draps ou à l’abri d’un arbre… que vous soyez en vacances ou au bureau ! Cette année encore, l’auteur Fabien Muller (qu’on adore) revient avec une nouvelle exclusive en 7 chapitres ultra courts écrite spécialement pour vous . Prête à découvrir « La cambrioleuse délicate » ?
Pour celles qui auraient manqué les premiers chapitres…
Chapitre 1 – à lire ici
Chapitre 2 – à lire ici
Chapitre 3 – à lire ici
Chapitre 4 – à lire ici
Chapitre 5
Illustrations @pimentmartin
La brigadière puait à vous embrouiller les capteurs. Elle était l’équivalent humain d’une livre de maroilles, même si l’envie d’en tester le goût pour en comparer la fadeur à son lointain cousin de matière grasse ne m’effleura pas à cet instant précis. De son côté, elle me regardait comme une tranche de pain, ce qui me faisait frissonner sous l’armure (c’est une image : je ne portais qu’un t-shirt).
Malgré ce frisson rebelle, je tentais de me raisonner : j’avais une mission et l’intérêt qu’elle semblait me porter servait le mien.
Elle se toucha les cheveux, se positionna en arrière, se cambrant sans grâce, puis finalement ouvrit légèrement son chemisier en enlevant un bouton. Je sursautai, tout en espérant qu’elle ne prendrait pas ce début de crise cardiaque pour une marque d’intérêt.
Je ne pus m’empêcher de constater que son soutien-gorge était d’une teinte rouge vermillon et qu’il en dépassait désormais un bout de son chemisier. Je distinguais nettement la naissance de ses seins. Je tentai de me ressaisir, cependant elle continuait sa gestuelle affectée. Les doigts de sa main droite jouaient avec les boucles de ses cheveux, tandis que la main gauche était hors de ma vision. Je préférai ne pas imaginer ce qu’elle pouvait faire avec sous la table.
Pourquoi minaudait-elle ainsi ?
Qu’est-ce qu’elle me trouvait ? Munster et boule de gum, mais peu m’importait même si j’aurais bien agressé son haleine de cendrier égaré dans une déchetterie avec un peu de menthe fraîche. Je n’allais néanmoins pas mégoter sur la chance qui avait décidé de percuter mon existence en mal d’indices olfactifs.
Je repensai alors à ma barmaid qui m’étais étrangement sortie de la tête. Bien que je sois à dix mille lieues de la scène sensuelle que j’avais expérimentée grâce à elle, je me surpris à regarder la policière. Ses seins qui bougeaient sous l’étoffe me rappela la sensation de mes mains sur le corps de mon inconnue. Comment cette femme-ci, en face de moi et qui ne semblait pas indifférente à mon égard, pourrait-elle m’accompagner vers cet océan de sensualité que j’avais entrevu ? C’est la bien étrange question qui semblait avoir pris possession de mon esprit. Je me découvrais corps et sensation, alors que je me pensais d’une rationalité sans failles. J’eus subitement l’image qui se forma en moi de la brigadière allongée et nue, utilisant mon propre sexe pour son plaisir, en se caressant doucement avec. Dans l’image que j’avais, j’étais clairement étranger à cette scène, ne fournissant que le matériel nécessaire à son plaisir. J’étais objet.
– Vous pensez avoir besoin d’une protection rapprochée ? demanda-t-elle subitement, me reconnectant à la réalité.
Elle se pencha vers moi, offrant à mes yeux – effarés par tant d’impudeur – un panorama splendide sur le relief accidenté de son torse.
– Euh… non, merci.
– …
– …
– Il y a eu beaucoup de cambriolages récemment ? m’enquis-je en me redressant pour reprendre un poil de distance.
– Ah oui, ça vous intéresse ?
– Oui, je n’aime pas l’idée que les autres aient eu à subir ce que moi-même j’ai dû endurer, répondis-je subtilement.
Elle me regarda intensément (beaucoup trop intensément pour moi, c’est un fait).
– Venez, je vais vous montrer quelque chose, enchaîna-t-elle.
Je la suivis dans un dédale de couloirs où j’entendis plusieurs fois des râles inquiétants provenant de pièces limitrophes et nous atterrîmes dans une petite salle étroite et sans fenêtre. Les murs étaient recouverts de cartes et de photos d’habitation. Des post-it formaient une improbable marée d’informations sur une plage de points d’interrogation.
De manière discrète, je pris quelques photos mentales de ce que je voyais – tout en rendant grâce à mon sens de l’observation qui ne m’avait jamais fait défaut.
Quelque chose me titillait en périphérie de mon instinct mais je n’arrivais pas à mettre le neurone dessus. Comment résoudre ce problème et accéder à cette révélation qui m’échappait ?
Devais-je discuter avec la policière ? Tenter en soliloquant de provoquer une étincelle ou bien devais-je garder ces informations secrètement par devers moi afin de les analyser plus tard ?
Tandis que cet « indice », appelons-le ainsi, tentait de s’enfuir loin de ma perspicacité, la brigadière pérorait sans fin sur la recherche d’indices sur les lieux visités. Elle se concentrait sur le fait que tous ces larcins s’étaient produits un samedi, ce qui me paraissait d’une logique plutôt implacable : les gens n’étaient pas chez eux et les cambrioleurs ne devaient pas être aux 35h.
De mon côté, plus je restais concentré sur la carte et plus j’avais l’impression fugace d’être le dindon d’une farce sans attrape. Devais-je l’aider et m’aider par conséquent ?
La souffrance intellectuelle me faisait transpirer, il me fallait débloquer la situation.
– Ils n’ont rien volé, c’est cela ? me demanda-t-elle subitement, coupant court à mes angoisses.
– Mon appartement a été vidé, répondis-je sans réfléchir.
Elle me dévisagea, apparemment agacée.
– Ah, mais ce n’est pas du tout la même affaire alors. Moi, je vous parle de cambrioleurs qui laissent tout en l’état, qui ne piquent rien et qui font le ménage !
Elle me saisit le bras avec un soupçon de brutalité et me raccompagna à l’entrée du commissariat. A peine étais-je sur le trottoir que son odeur nauséabonde avait disparu de l’atmosphère. L’état de grâce était passé.
Etrangement, j’eus subitement une nouvelle vision : celle des seins pleins et offerts de la policière, ainsi que celle de ma bite avec laquelle elle continuait de se caresser avec application.
Je me demandai à cet instant si je ne couvais pas quelque chose.