Coup de coeur ! Présenté au Festival de Cannes, dans la catégorie Un Certain Regard, « Rosalie » de Stéphanie Di Giusto raconte l’histoire (inspirée de faits réels) de Rosalie, une jeune femme à barbe dans la France de 1870 incarnée par Nadia Tereszkiewicz, César du Meilleur Féminin. Mariée par son père à Abel (Benoît Magimel), ancien soldat devenu après la guerre tenancier d’un café acculé par les dettes, Rosalie n’a rien révélée de sa pilosité cachée à son mari et va devoir faire face à son destin. Un film puissant aux couleurs de peintures danoises qui dépeint l’histoire d’une femme qui voulait être libre…
Rosalie, femme à barbe, Culottée !
Les lectrices des BD de Pénélope Bagieu reconnaîtront probablement l’histoire de Clémentine Delait, femme à barbe culottée du XIXème siècle qui tiendra commerce avec son mari, une barbe au bout du menton ! C’est l’histoire de cette femme qui a largement inspiré Stéphanie di Giusto pour l’écriture de Rosalie.
Je savais qu’elle avait refusé de devenir un banal phénomène de foire mais avait au contraire voulu être « dans la vie », avoir une vie de femme. Après une longue recherche, je n’ai voulu garder de la véritable histoire d’une de ces femmes atteintes d’hirsutisme (c’est le nom scientifique de ce trouble) que ce qui me touchait. Je n’avais pas envie de faire un biopic.
Stéphanie Di Giusto – propos recueillis par Charlotte Pavard au Festival de Cannes.
Nadia Tereszkiewicz : époustouflante femme à barbe au XIXème siècle
Elle a une énergie très pure, un enthousiasme naturel dont j’avais besoin pour le personnage. Même avec une barbe, elle dégage une sensualité troublante.
Stéphanie Di Giusto – propos recueillis par Charlotte Pavard au Festival de Cannes.
Et c’est vrai ! La tache était plutôt ardue : trouver l’actrice qui porterait spontanément et naturellement la barbe pour que le spectateur y croit ! C’est toute la magie de Nadia Tereszkiewicz, sacrée Meilleur Espoir féminin cette année, qui rend crédible cette barbe hirsute et étonnante, sur un visage d’une volupté évidente… A tel point qu’elle en devient le personnage le plus féminin de ce petit village breton.
Elle commençait à se faire maquiller à 5h du matin, chaque poil était collé un à un sur sa peau comme un rituel solennel. Je ne voulais pas tricher et poser un simple « postiche » à l’actrice qui avait besoin d’y croire elle aussi. Ce travail minutieux et obsessionnel lui a permis de posséder le personnage, complètement, charnellement.
Stéphanie Di Giusto – propos recueillis par Charlotte Pavard au Festival de Cannes.
Rosalie : portrait d’une femme qui voulait être libre
La beauté de ce film ? Outre son décor, ses costumes, et sa lumière dignes d’une peinture de Vilhelm Hammershoi, c’est surtout la puissance de Rosalie qui met une claque : son courage et son indépendance forcent le respect, dans un petit village où les moqueries et les coups bas deviennent monnaie courante. Unique rayon de lumière du petit village breton triste où elle vit avec Abel, Rosalie tente d’irradier d’amour, de joie et d’assurance auprès des villageois… à ses risques et périls.
La surprise au casting : Juliette Armanet en fille de joie !
Fantaisie du casting, Juliette Armanet incarne Clotilde, une fille de joie à qui Abel rend occasionnellement visite. La chanteuse et compositrice dévoile ici une aisance face caméra, ce qui promet, qui sait, de prochaines apparitions de l’artiste dans les salles obscures..
Un film bientôt en salle à ne surtout pas manquer.